La société CAVOK qui éditait de nombreux ouvrages aéronautiques et notamment le mensuel Volez! depuis 17 ans, a été placée en liquidation judiciaire le 26 mars 2014. Une nouvelle surprenante qui laisse un goût amer, comme toute institution qui disparaît.

A sa tête, Dominique Méglioli était passionné (pilote planeur et hélico) et engagé. La Loi du marché a décidé que les recettes ne couvraient plus les dépenses, en dépit de l'énergie que Dominique, secondé de son équipe, dépensait sans compter.

Dominique m'avait accueilli au sein des rédacteurs avec bienveillance et générosité en 2005. Au fil du temps, Volez! et ULMaG.fr étaient devenus partenaires, partageant l'actualité au bénéfice des lecteurs.

Durant une carrière de journaliste, j'ai été témoin de plusieurs liquidations de magazines. J'ai même quitté un groupe de presse important, sans regret, car l'impersonnalité de l'entreprise la privait d'âme. Cette fois, je ne perds pas seulement un employeur, mais aussi un repère dans le microcosme aéronautique. C'est un triste événement.

La presse papier est sur le déclin ; instantanéité de l'information, interactivité, réactivité lui manquent pour concurrencer les nouveaux médias en tête desquels la web-presse. J'ai écrit des milliers d'articles publiés sur papier glacé, assisté à la modernisation des techniques de publication (du manuscrit stylographié à l'envoi directe sur rotative...), vu le tout-numérique s'imposer, pour finalement succomber à mon tour à la facilité du journalisme en ligne.

Concurrence déloyale ? D'un certain point de vue, oui. Car la souplesse d'une telle activité permet de s'exempter des impératives dates de rendu, n'engage pas de structure lourde, ni de frais incompressibles.

Donc CAVOK et le magazine Volez! sont d'énièmes (et pas les dernières) victimes de la destruction créatrice, oxymore à la mode pour relativiser (voire justifier) une plongée vers l'abîme. Ainsi soit-il.

Dominique Méglioli prend la chose avec philosophie. Il change de cap et s'en va vers d'autres activités, bien éloignées des choses de l'air. Sophie qui s'occupait des envois et relations avec la clientèle a retrouvé un emploi. Sylvain, rédacteur en chef, n'en a quant à lui pas encore retrouvé. Il est jeune avec une bonne expérience de terrain, ce qui, je l'espère, l'aidera dans ses recherches.

Une fois n'est pas coutume, je ne pousse aucun coup de gueule. Je suis même un peu sec. Chercher des responsables ? La faute à qui ? Pour une fois, certes pas à une quelconque délocalisation ou à la boulimique d'un patron. Non. La faute à une époque en mutation, que la technologie surprend par ses avancées fulgurantes. Prise de cours, notre société n'a pas de réponse. Alors elle ferme, elle liquide, elle licencie... c'est tout ce qu'elle peut faire ; c'est tout ce qu'elle sait faire. Il faudrait lui apprendre d'autres méthodes. Mais dans l'urgence, nos réflexes sont désuets et les recettes usuelles vouées à l'échec.

Je souhaite bonne chance à mes ex-collègues, en espérant qu'ils se réalisent dans leur nouvelle trajectoire.

Miguel Horville