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Expériences vécues

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Premier décollage par J. Foucher

août 2011 - par Jacques Foucher

Trajectoire de pilote

Ma fille Aurélie et moi nous sommes inscrits au club de Chambley afin d'apprendre à piloter. Avant d'attaquer les leçons, nous nous sommes familiarisés avec l'aéronef que nous devions chevaucher ; oui chevaucher, c'est bien le terme qui s'impose !


Merci à Jacques Foucher pour son récit

Combines... de ski

Nous sommes devant une Moto du Ciel. Un véritable ULM. Le nôtre est un peu ''veau'' comme on dit dans le milieu. C'est-à-dire qu'il n'est pas puissamment motorisé. La cellule est faite d'un treillis métallique de tubes d'acier très fin. Un peu à la façon d'une flèche de grue. Et son aile domine le tout, tandis que le moteur, un vénérable boxer VW entraîne une hélice en bois. Il s'agit d'un ULM propulsif ; pour les néophytes cela signifie que le moteur est placé derrière l'aile, et que les occupants sont placés devant. Autre particularité de cette Moto du Ciel, pilote et passager sont assis en tandem, comme sur une moto, exposés aux éléments dans la limite raisonnable de 110 km/h.

L'exposition au vent ainsi qu'aux éventuelles intempéries oblige l'équipage à se couvrir. Le mieux est de revêtir des combinaisons ni trop étroites pour être à l'aise dans le pilotage, ni trop larges pour limiter le flottement du textile. Aurélie et moi courrons donc dans une galerie marchande, rayon sport, pourront acquérir, en plein mois de mai, des combinaison de ski. Sauf qu'en cette saison les rayonnages sont bondés d'articles d'été. Nous déclinons les maillots de bain que le vendeur tente de nous refourguer et insistons pour qu'il aille fouiller dans sa réserve afin de trouver des combinaisons adaptées à notre besoin. Le besogneux travailleur finit par nous dégoter deux habits dont visiblement personne ne s'est portée acquéreur l'hiver dernier. Les couleurs (marrons douteux pour Aurélie, et kaki pour moi) expliquent le reliquat. Nous déclinons les gants qui vont avec, les chaussettes épaisses, ainsi que le bonnet rouge des écharpes ou les lunettes. Non, non, ça suffit comme ça ! De toute façon, c'est pour voler en ULM... Le gars reste scotché ! ''Des pilotes partis pour voler en Alaska'' semble-t-il penser !

Nous filons dans un magasin de moto nous enquérir des gants conseillés par le club. Et voilà ; presque pilotes ! A la maison, nous essayons en rigolant nos tenues, excités comme des gosses à Noël ! Chouette, ce week-end, on vole ! Pourvu qu'il fasse beau ! J'ai un peu mal au chéquier en pensant à la somme rondelette déboursée pour les deux formations de pilote, les cotisations de club, les bouquins de préparation au théorique... Mais bon : nous y sommes et il ne faut retenir que le positif.

Reste que pour s'épargner la dépense jugée superflue (et presque inconvenante vu le montant du chèque déjà rédigé au club) des deux carnets de vol, ma fille et moi optons pour des cahiers d'écolier. Finalement, un gars du club, moins mercantile que le trésorier, décide de nous offrir les carnets. Ce membre est ''Saint-Pierre'', un médecin de Nancy, aux cheveux bouclés et un peu longs d'une blancheur éclatante, à la barbe toute aussi blanche et bouclée, aux yeux pétillants derrière des petites lunettes rondes. au fait, pourquoi Saint-Pierre. Officiant à la salle de réveil d'un bloc opératoire et alors qu'il s'occupait d'une vieille dame en face de réveil, celle-ci sortant de sa torpeur artificielle et voyant le médecin penché sur son lit, lui tendit les bras dans un élan mystique et s'écria : ''Ah ! Saint-Pierre !'' Et lui répondit : ''Non, madame ! Pas encore !'' Cette histoire absolument authentique fit le tour de l'hôpital de Nancy-Braboit. Et désormais le surnom de Saint-Pierre colle à la peau de notre toubib volant.





Un club à l'abandon

Disciplinés, Aurélie et moi inscrivons soigneusement nos noms dans les cases ''élève-pilote''. Bientôt, nous ferons connaissance avec notre instructeur : Gilbert, l'homme qui m'a donné des ailes.

Le Club est installé sur l'ancienne base aérienne de l'OTAN de Chambley. Au départ, le vol ULM était une activité de loisir d'obédience militaire, des anciens de la base de Toul-Rosière, elle-même base de l'OTAN, se retrouvant là, pour voler, mais aussi pour picoler tranquillement le dimanche. Les mots me manquent pour décrire l'état du Club lorsque nous arrivons : des sacs poubelle partout, un je m'enfoutisme général, sous l'autorité d'un président de club égocentrique, vicieux et suffisant, sûr de son bon savoir-faire, bien assis sur sa majorité à l'assemblée annuelle, et malgré tout juridiquement bidon. Les choses changeront rapidement, sous l'impulsion ''des nouveaux'' dont nous sommes, Aurélie et moi, la souche native, en réclamant un environnement décent et moderne, digne de l'époque où nous vivons et capable d'accueillir raisonnablement des élèves dans de bonnes conditions.

L'installation de sanitaires corrects est une évolution qui a valu quelques bagarres en réunion, et qui aujourd'hui paraissent indispensables à ceux-là mêmes qui ont combattu cette idée. Bref, Chambley se relève de ses cendres militaires, pour devenir un des Clubs les plus performant de Lorraine, 10 ans plus tard.

Gilbert, notre instructeur, n'est pas en reste dans cette modernisation, en réfutant vigoureusement les démonstrations dangereuses et inutiles d'un pseudo instructeur foireux, toujours en mal de spectateurs pour l'admirer et propice à constituer sa cour, avide de félicitations aussi empressées qu'hypocrites de ses fans...

Le problème vient ensuite de ces anciens, nostalgiques du fond de bouteille, et soucieux de revenir aux temps d'avant ou les élèves devaient la fermer en écoutant les moustachus. ''La liberté, c'est ça'' disent-ils en levant leur verre ; je ne vous raconte pas l'électrochoc quand l'application d'un règlement est arrivée sur le tapis... Nous louvoyons dans ces chemins difficiles, parmi les choses qui doivent changer et qui sont contestées, alors que nous sommes emportés par notre élan de reconstruction. Notre volonté est d'aboutir à un club moderne, par le biais d'une élection digne de ce nom, afin qu'une équipe structurée et décidée obtienne la ''victoire''.





La première leçon

Je rencontre Gilbert un samedi matin. L'homme est peu bavard mais sympathique, avec des yeux pétillants. C'est l'heure de notre première leçon. Après un tour général de l'ULM et des explications, succinctes mais suffisantes, concernant les pleins d'essence et l'entretien sommaire, nous voilà, suivant docilement notre instructeur Gilbert dans une visite pré-vol ou tout sera expliqué des points caractéristiques à vérifier pour ce premier contact avec ''l'au-delà'', en quelque sorte.

On remplit les deux réservoirs au moyen d'un escabeau. Puis on se prépare : on enfile le casque avec écran mobile, on ferme le col, on branche les écouteurs... et on enfourche la machine. Il faut enjamber la poutre qui pointe vers le haut, tout en évitant le manche, simple tube d'aluminium garni d'un embout de manche de brouette à son extrémité. A l'arrêt, la Moto du Ciel repose sur sa ''queue''. Il faut le poids du pilote pour poser la roue avant au sol. Une situation prévue par le constructeur Humbert, mais qui nécessitera finalement la mise en place d'une procédure décrite par la nouvelle équipe dirigeante du club (dont je fus le secrétaire râleur) : pour éviter de dégrader l'ULM, quelqu'un doit maintenir la roue avant au sol en soulageant l'arrière lors de l'installation, et particulièrement lors des baptêmes de non initiés. Enfin, à califourchon sur cette poutre, les pieds posés sur la barre faisant office de palonniers, à la manière de la barre de direction des carrioles de notre enfance, je suis en place pour voler. Devant moi, un tout petit carénage contient les instruments de vol et la clé de contact. Mes genoux s'enfilent dans ce carénage. Les grands on les genoux ''sciés'' par le bord du carénage...

Inutile de chercher la commande de gaz classique comme dans tout avion qui se respecte, en effet, et de façon inattendue, vous disposez en haut du manche de pilotage d'un petit levier, comme un levier de dérailleur de vélo, qui fait office de commande de gaz. Finalement, avec l'expérience, cette façon de faire s'avère excellente : d'un doigt on commande le moteur et de la main, on maîtrise les axes de roulis et de lacet.

Nous y voilà. Je suis installé et prêt à en découdre. Aurélie vient de faire son premier vol juste avant. Le moteur est chaud... il n'y aura donc pas de phase de mise en condition. ''Démarre comme je t'ai expliqué''. La voix de Gilbert résonne dans les écouteurs. Il est assis sur le siège arrière de l'instructeur. Je ne vois pas son visage et me fie à sa voix. Bien sûr, il dispose des doubles commandes pour assurer le coup ! Et puis : il sait.



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