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Expériences vécues

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Travers France par J. Foucher


Transhumance




Le grand décollage

Dans mes 180° pour venir cap à l'Ouest, je regarde pensivement cette base qui m'a donné tant de souvenirs et parfois aussi tant de peines, ce Club à qui j'ai donné des heures et des heures de bénévolat. J'ai l'impression de fermer une porte derrière moi. Le brouillard est resté coincé au raz de l'étang de la Chaussée, tout proche et se dissipe doucement semble-t-il. Je passe à côté par un très léger détour, ailleurs, c'est clair. Dans ma poche, j'emmène un éclat de piste arraché à l'endroit ou j'ai été ''lâché'' à la fin de mon brevet par Gilbert, ''MON'' instructeur et un éclat de l'endroit du premier décollage de l'Himax. Ont peut les voir, aujourd'hui, trôner ensemble sur la bibliothèque de mon salon. Je vois les antiparasites de bougies onduler régulièrement au rythme des vibrations du moteur (rappelez vous, il n'y a pas encore de capot moteur et je vois le haut du moteur devant moi). Un dernier coup de radio pour Marc, car il a la possibilité de m'entendre une dernière fois sur le récepteur du Club. Il va se taper la porte de hangar à refermer tout seul avant qu'il ne prenne la route en voiture pour Saint Florentin. Nous n'avons pas de liaison radio air sol en dehors des terrains équipés. Il a un tableau de marche et sait à quelle heure je dois le rappeler par téléphone une fois la destination atteinte. Je suis sur le cap de Bar le Duc, à destination de Saint Florentin Cheu que j'atteindrai dans près de deux heures, au plus tard. Survoler le terrain de Bar le Duc nécessite un petit crochet pour rester au plus près des aérodromes mais, c'est prudent. Deux heures de vol, ce n'est rien dans un avion éprouvé, testé depuis longtemps, et volant tous les dimanches, mais là, c'est autrement important, c'est le baptême des grands vols, loin des tours de piste ! Il n'y a pas une pièce que je n'ai pas fabriqué de mes mains, ce n'est pas un kit, et hormis les soudures du bâti moteur et du train réalisées par mon ami Daniel, j'ai tout fait, découpé, raboté, collé, etc. Alors, c'est très important pour moi cette traversée et j'y suis très attentif. L'air est très calme ce matin, tellement calme que je n'ai rien à faire en terme de pilotage, confortablement installé à 1500 ft dans mon fauteuil volant, surveillant les aiguilles du coin de l'œil. Mes roues défilent lentement sur un paysage magnifique. Et tout ces gens en bas dans les villages que je survole, que font-ils ? Eh Oh ! regardez donc en l'air, c'est moi qui l'ai construit ! Et je traverse la France aujourd'hui ! Où vont-ils avec leurs voitures miniatures et leurs vélos minuscules ? Et ces vaches, on dirait des jouets ! J'approche du terrain de Bar le Duc.





La piste de Bar le Duc.


Seul au monde... dans le ciel

Pas un chat sur le terrain, les 'avions. Tout va bien pour moi, alors je continue vers la zone militaire de St Dizier que je dois traverser. Je ''psychote'' un peu en regardant mes jauges à essence, j'en ai une confiance très limitée. Une petite fenêtre dans l'emplanture de l'aile me permet en plus d'apercevoir le réservoir translucide et le niveau d'essence, enfin quand il y a une bonne luminosité à cet endroit. Ah si seulement j'avais une petite lampe. Soudain, par le jeu de l'orientation de l'avion, un rayon de soleil vient taper juste là où il faut, dans la fenêtre du réservoir, précisément au moment où je regarde ! Dieu aime les avions ! C'est sûr ! Les filtres à essence sont de chaque côté de l'habitacle sur les montants soutenant l'aile et j'en vois un qui coule et pas l'autre ! Moment de stress après les histoires de pression de carburant que j'ai connu. En fait c'est un phénomène de tension de surface, quand l'écoulement est régulier sur une sortie de réservoir, il faut une certaine différence de niveau de carburant pour amorcer un écoulement sur l'autre réservoir. Finalement, le rayon de soleil aidant, je retrouve la quiétude des choses qui vont bien. J'approche de St Dizier et je sors ma phraséologie des grands jours pour appeler le contrôleur militaire de la BA 113. Les NOTAMs m'ont dit que la zone était active mais enfin, nous sommes vendredi et peut être que tout le monde est déjà en week-end. ''Fox Juliet Golf Delta Charly pour St Dizier, bonjour''. Très rapidement la réponse arrive : ''Saint Dizier bonjours !'' Bien il y a quelqu'un, ça va m'aider pour avoir la clairance (l'autorisation de passer), car nous savons que la zone est utilisée aujourd'hui par des avions de chasse, des ''jaguars''. ''Rappelez en coupant l'axe de piste, Delta Charly''. Pas de problème, j'ai les yeux rivés sur elle. Je n'ai malheureusement pas de transpondeur qui pourrait faciliter mon identification sur leur radar, et je dois pas être bien gros en l'air. Après mon appel dans les règles en coupant l'axe d'une piste, assez loin de celle ci, j'entends à la radio : ''Ah, je vous vois''. Je dois donc effectivement être très petit alors ! Je collationne tout ce qui va bien mais j'apprends que ma radio ne déclenche pas bien le répondeur qui doit diffuser un message quand la zone militaire est inactive, quand il n'y a personne à la radio. Bon je suis bien sûr d'accord pour les manip's que l'on me propose de façon à ce qu'un technicien fasse le réglage. Excusez moi, je n'ai pas la puissance d'une radio d'avion de chasse !S'en suit un réel quiproquo du genre ''attendez 5 secondes avant d'émettre''. J'attends 5 secondes puis j'appelle pour dire que ''j'ai bien entendu le message du répondeur qui dit que la zone n'est pas active''... ''correction Delta Charly, c'est actif aujourd'hui''. Oui je sais que c'est actif aujourd'hui ! Mais je vous dis ce que j'ai entendu sur le répondeur etc. Ah, on ne s'ennuie pas ici ! Les gens en bas sont très cool, professionnels, ils ont compris que je dois encore pratiquer pour perfectionner ma ''phraséologie aéronautique'' et la voix à la radio respire le calme et la sérénité, ce qui me décontracte réellement, et rompt, pour un temps, mon isolement en l'air. Par contre je surveille plus attentivement encore ma navigation, peut être qu'en bas ils veulent savoir très précisément quand je sortirais de leur zone. Le radar doit m'arroser copieusement mais j'ai besoin de savoir précisément en même temps qu'eux où je suis ! Alors au moment précis de sortie de zone, j'appelle.
''Delta Charly en sortie de zone pour quitter la fréquence''. Le contrôleur souhaite continuer les manip's avec le répondeur pour être sûr de couvrir une zone légèrement supérieure à la normale, au cas ou une radio de faible puissance comme la mienne, contacterait la fréquence de la base, et pour être sûr que le répondeur débitera son message dans ce cas. OK, continuons encore un peu. ''Delta Charly votre QNH est 1020 vous pouvez maintenant nous quittez, au revoir''. ''Delta Charly 1020 Novembre Hôtel je quitte, merci et au revoir''. Je change donc de fréquence pour revenir sur la fréquence générale d'écoute, afin de continuer mon voyage, tout en recalibrant mon altimètre sur le QNH local.


Saint Florentin-Cheu.


Rencontre avec un tracteur

Allez... maintenant j'attaque la forêt d'orient, près du lac de Der. Par sécurité je reste en lisière. Malgré tout, j'aimerais pas avoir une panne moteur ici et je zigzague pour survoler les plus grandes clairières au cas où ! Mais les antiparasites de bougies ondulent gentiment devant moi et ça marche. C'est vrai que quand on pense au nombre de coups de piston dans le moteur depuis le départ c'est impressionnant ! surtout au dessus de la forêt d'orient ! Le chrono et les points de reports (les repères définis d'avance, d'après la carte) confirment que le vent d'Est me pousse un peu plus fort maintenant et d'ailleurs, je sens un peu plus de turbulences. Par contre, la visibilité est extraordinaire, ce qui ne m'empêchera pas de ne rien voir du terrain ULM de Sommevoire, à l'époque, je n'avais pas beaucoup de donnée fiable sur ce terrain. J'avais prévu ce crochet sur le parcours en cas de problème, car, comme vous le savez tous, en avion, la ligne droite n'est pas toujours le chemin le plus sûr ! Finalement, Saint Florentin approche, avec son tour de piste à 1500 Pieds. Je n'entends rien en Auto-Info, rien sur la fréquence para (car ici il y a normalement du largage para). St Florentin a disparu de la surface de la terre !
J'ai la photo du terrain grâce à NAV2000, près de mon log de nav. La carte VAC du terrain est aussi à proximité et enfin, après 1h45 de navigation, je vois arriver le terrain pour une verticale et y découvrir... Un tracteur ! Oui, un tracteur en train de tondre la piste en herbe semble-t-il ! Voilà peut être l'explication de l'absence d'avion en l'air. Bon, ça veut dire que l'herbe est haute et mes appels confirment qu'il n'a personne à la radio du club ni en l'air ! Il faudra donc que je tienne compte de la position du tracteur pour me poser, et m'intégrer pour atterrir quand lui sera tout à l'autre bout du terrain.



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