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Expériences vécues

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Travers France par J. Foucher


Transhumance







L'hôtel du pou qui grince

Ensuite, c'est un bon marteau qu'il nous faut, car vu les piquets, il va falloir taper dur ! Nous flânons un peu, quand arrivent trois avions suisses qui font leur tour de France. Il y a un piper J3 qui attire toute notre attention, en effet, il croise à la même vitesse que le mien et son côté rustique me plaît beaucoup. Après renseignements, on prend la voiture pour aller jusqu'au centre d'Aubigny et nous trouvons l'hôtel conseillé par l'aéroclub. Nous réservons deux chambres et retournons à l'aéroclub. Pas mal de gens tournent autour du zinc et nous demandons au président du club, arrivé d'un terrain des environs, où sera la bonne place pour amarrer notre avion. Comme le capot n'est pas encore construit, le moteur est à l'air libre et nous l'emmaillotons avec des grands sacs poubelle blancs ! Nous savons que la rosée du matin n'est pas la meilleure chose pour des bobines d'allumages. Débriefing de la journée, prévision du lendemain, voilà ce qui nous reste à penser pour ce soir. Nous découvrirons que l'hôtel est ''sportif'', il y a une boîte de nuit au rez de chaussé et une fenêtre de ma chambre n'a plus de joint ! Bonjour le bruit ! Mon tee-shirt servira à colmater la fenêtre. Le bruit se calme vers 2 heures du matin, pour reprendre de plus belle dans la rue ou ça se bagarre ! Le lendemain matin, pas reposés du tout, nous attendrons longtemps les propriétaires ''qui devaient être là de bonne heure'' ! Tu parles ! Des charlots oui ! Nous ne partons pas sans payer uniquement à cause de l'aéroclub d'Aubigny qui risque d'avoir des histoires à cause de nous, car tout le monde à l'hôtel sait que nous venons de l'aéroclub ! Décision est prise d'aller au terrain préparer l'avion, pour ensuite revenir râler et payer l'hôtel. Alors, nous voilà partis débâcher l'avion. En chemin, nous ne pouvons nous empêcher Marc et moi de remarquer le bleu du ciel qui pâlit doucement, ce que nous mettons sur le compte du soleil qui monte dans cette belle matinée sans aucun souffle de vent. La rosée du matin a recouvert tout l'avion et un nettoyage sérieux s'impose, puis l'appareil est ramené vers le parking du Club. J'ai un regard persistant vers l'Est, dans le sens où je vais décoller, je me demande simplement, par précaution, si je pourrais me vacher un peu plus loin, en cas de problème au décollage où si la forêt continue encore. En trainant dans les locaux de l'aéroclub, je découvre, bien encadrée et bien fixée au mur, une photo qui me rassure, celle du terrain vu du ciel. Derrière la ligne des arbres, la forêt se termine par un grand champ que je n'ai pas pris en compte en arrivant .Ce sera un problème de moins. Aller, retour vers cet hôtel miteux et après avoir tenté vainement une réduction, je paye la note sans demander mon reste ! Par un effet du hasard, je n'ai que la facture d'une seule chambre sur les deux réservées. Pour un taulier qui ne voulait pas me faire de réduction... ça fait 50%. Justice est faite. Sur la route, désormais familière du retour au terrain, il est impossible de ne pas remarquer la brume qui filtre à travers les arbres du bas côté ; ça ce bouche doucement et le ciel cède sa couleur bleu pâle pour laisser place à un blanc laiteux. A la lisière des pistes, la visibilité s'est totalement dégradée et ce n'est plus ''volable'' selon les règles VFR ; il va falloir attendre. Les trois pilotes suisses attendent eux aussi, les bras croisés, près de leurs avions, immobilisés comme nous. Le brouillard est léger mais présent à environ 50 m d'altitude et c'est insuffisant pour que tout le monde puisse repartir.





Brume persistante en Sologne

Au loin, un bruit de moteur se fait entendre, très lointain d'abord puis mêlé à un bruit saccadé de plus en plus distinct, pas de doute, il s'agit d'un hélico. Et c'est bien ça, un petit Robinson navigue au ras des arbres pour rejoindre le terrain. Le pilote pose sa machine près de la pompe à essence et descend rapidement pour faire le plein. Il semble particulièrement pressé ! Son passager, après avoir maladroitement retiré son casque radio, s'extrait difficilement de l'appareil pour se diriger droit vers la lisière de la forêt, il est blême et doit satisfaire d'urgence un besoin naturel ! Après coup, tout le monde reconnaît un animateur télé connu d'une émission encore plus connu, où l'on manipule des chiffres et des lettres... Je lui demande simplement ce qu'il fait par un temps comme ça dans le coin et, il m'avoue qu'il a une trouille bleue de voler à ras des arbres ici, et de voler tout court d'ailleurs.
Sa production le transporte d'urgence à Amiens ! Je me prends à penser qu'il aura le temps d'avoir encore des ''envies'' d'ici la fin de son parcours ! En attendant, le plein de l'hélico à été fait et le pilote nous demande de dégager l'axe de son décollage, car il n'y aura que très peu de prise d'altitude avant la translation, l'appareil est chargé et il y à ce brouillard un peu plus haut, donc, ce sera un décollage à ras des arbres. Tous, nous sommes attentif au passager de cet hélico, il tire une tête comme un chrétiens qu'on emmènerait se faire bouffer par des lions ! Nous, on aimerais voler en hélico, à ras des arbres ! La Suisse s'impatiente comme nous des conditions météo, surtout que la brume n'est présente qu'ici paraît il, Météo-France consultée confirmera qu'ailleurs, toute la France est enveloppée d'un très grand beau temps ! Le technicien de la station météo, devra même zoomer sa carte satellite pour nous croire quand nous lui parlons de brume à Aubigny. Ca se lève un peu, mais très lentement. Cela va durer ainsi jusqu'au début d'après midi, je suis incapable d'avaler quoi que ce soit le midi, cette situation m'agresse littéralement ! J'ai bien essayer de décoller, mais je suis revenu aussitôt, devant une visibilité dégradée et surtout, en ayant peur que ''ça se referme derrière moi''. Les suisses décollent finalement, le piper J3 bien après les autres, comme moi il n'a pas d'horizon artificiel sur son tableau de bord et il faut être prudent, ''Security first'' dit il ! Comme il a raison. Je commence à douter de mes capacités à sortir d'ici quand finalement, deux pilotes venus en vol, avec un superbe Sirus 300 ch, m'expliqueront la particularité des étangs de Sologne, tous très proches, et la nécessité de quitter le terrain maintenant, parce que demain, ce sera pareil, les étangs des alentours génèrent de l'humidité qui se condense, et il n'y a pas un souffle de vent pour dissiper tout ça. Il faut atteindre un autre terrain, maintenant !


Rencontre : un Twin Star en tenue de camouflage.


Quand faut y aller...

Nous préparons tout, et c'est parti pour l'étape vers Loudun, il est déjà tard, et je n'atteindrais pas la fin de cette traversée de la France ce soir, je ne serais pas à destination ce soir, seulement à 135 km de l'arrivée. Encore une nuit d'hôtel en vue. En l'air, je remarque qu'effectivement, la visibilité s'améliore à mesure que je m'éloigne d'Aubigny si j'avais eu plus d'expérience dans ce genre de situation, je serais parti plus tôt. Sur ce trajet, je dois faire un important détour aux alentours de Romorantin, une ZIT y a été créée pour laisser la place aux championnats de France planeur. C'est du grand n'importe quoi ce soir à la radio avec certains pilotes planeur et je ne peux même pas informer de ma présence au bord de la ZIT, c'est une cacophonie incroyable par moment. Les superpositions de conversations engendrent des interférences importantes... je n'insiste pas. Après avoir diminué sensiblement le volume dans mon casque radio, je me concentre sur ma navigation et sur ce que je peux voir dehors. Il y a effectivement beaucoup de planeurs dans le coin. J'en compterais jusqu'à 15 qui doivent chercher à rentrer à Romorantin. Voir et éviter, telle est la règle ! De plus, je ne peux compter que sur mon Log de Nav, cet aide mémoire préparé pour l'étape, et sur mon fidèle GPS Garmin, car les cartes sont restées dans la voiture de Marc ! Trop tard pour faire demi-tour, il est sans doute déjà sur la route pour Loudun. Je prends un repère le plus loin possible sur l'horizon et je chemine comme ça, collé aux indications du GPS. Il me donne le temps restant, la distance pour rejoindre la piste la plus proche, ma vitesse sol etc. En vol je repense aux pilotes que j'ai rencontré à Aubigny, tous très intéressés par mon périple et par le travail réalisé sur l'Himax. Je survole le radiotélescope de Nançay, un peut surpris par son apparence vu du ciel : on dirait un gros échafaudage. Les champs de melons, recouverts de rangées de bâches plastique, à l'approche de Loudun, provoquent ''des thermiques'' ascendantes, et rien qu'avec le variomètre qui enregistre les mouvements verticaux de l'avion, je pourrais compter les champs ! C'est le signe que Loudun approche, d'ailleurs, j'aperçois le clocher du village au loin. J'utilise ma radio pour informer dans les règles, les éventuels avions dans le circuit du terrain, de mes intentions. Il y a un vent soutenu. Trahi par le comportement de l'appareil et par la différence entre la vitesse air et la vitesse sol calculée par le GPS, je me fais avoir en dernier virage qui doit m'amener face à la piste, n'ayant pas assez corrigé en étape de base le vent de travers, je dépasse l'axe de piste. Je suis carrément à droite de l'axe de l'atterrissage. Deux corrections successives m'amènent en finale. Je stabilise ma trajectoire, malgré le vent plutôt fort, bien au milieu de cette belle piste en herbe. Poser ''le manche dans le vent'' léger décrabé à 'arrondi, voilà tout ce que j'adore ! Pour rentrer au parking, je passe devant un bimoteur aux lignes futuristes, un Diamond Aircraft Twin Star, qui attends sur le terrain (à l'abri des journalistes) sa présentation prochaine au mythique salon du Bourget !



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