Lors de mes conversations avec Dieu, je l'interrogeais souvent à propos du paradis, d'un endroit où se rendre pour aller mieux... Je lui demandais de me guider, les jours où ça allait mal, que le poids du grand bazar m'écrasait, de m'indiquer un chemin plus facile.
En échange de quoi la lampe du frigo claquait ou le président du moment m'annonçait un nouveau fléau fiscal indispensable à la survie de son espèce. Au début, j'y voyais un signe. Plus tard, j'ai cru en la coïncidence. Puis en la fatalité. Je pense à présent qu'il se fout un peu de nous, le vieux barbu. Si on veut trouver un peu de bien-être, faut se retrousser les manches et aller au charbon, par soi-même et sans regarder derrière. Parce que l'autre, là-haut, je le trouve inquiétant, avec son humour à deux balles et ses fantaisies calamiteuses. Quand je veux voler, il fait dracher ; quand je sème, il ferme les vannes... Faudrait monter lui dire qu'il y a d'autres espèces à pourrir. Tiens ! Les martiens. J'ai entendu au poste qu'on vient peut-être de Mars. Et bien qu'il aille s'occuper de nos aïeux et qu'il nous foute tranquille ! C'est vrai, ça... Un an que Jojo et moi devons nous rendre au domaine de la Tuilière ; un an qu'on repousse à cause de météos poisseuses, de dates incompatibles, d'urgences plus urgentes et que sais-je... Alors plein le dos ! Ce weekend j'ai préparé mon coup : une navigation au cordeau pour la Normandie, escalopes à la crème à St Valéry, dodo au Touquet et retour par la côte via Caen. Et VLAN ! Il est tombé dans le panneau, le vieux. Il a fait tomber la misère chez mes potes normands pendant que Jojo et moi filions en douce chez les bourbons. Voilà ce qui s'appelle mystifier le dab. Du coup, pour nous, grand bleu et temps de curée. Euh, non... temps calme (ne tentons pas le diable).

Le Domaine de la Tuilière se situe dans l'Allier, entre Moulins et Bourbon-l'Archambault, sur la commune d'Autry-Issards. En plein bocage Bourbonnais, au nord de l'Auvergne. Le département de l'Allier reprend les limites géographiques de l'ancien Duché de Bourbon, ou Bourbonnais, province de confluence entre l'Oc, l'Oil et le Franco-Provençal. Un endroit un peu hors du temps qui semble comme pétrifié dans un calme arrosé par les rau de la Rose ou du Chameron, les rivières de l'Ours ou de la Burge et rafraîchi par les forêts des Prieurés Gros-Bois ou Moladier, du massif de Messarges qui borde au Sud la piste de la Tuilière. D'où qu'on vienne, on doit respecter les espaces aériens qui entourent ou surplombent le point de destination. D'abord une RTBA (144 Loire) qui limite le plafond à 800 ft quand elle est active. La R20 B2 dont l'activité est connue de Avord partout autour et à l'Est la TMA-1 de St-Yan, classée D dès 2000 ft. Le mieux consiste à se la couler douce en dessous de ces zones blablateuses pour profiter du paysage sans trafiquer la VHF. Du coup, on en profite pour repérer les lieux. Le Domaine de la Tuilière est repérable de loin ; une carrière de quartzite au milieu des bois forme un immanquable point caractéristique. Avant de reconnaître la piste, il convient de réaliser un petit circuit pour le plaisir des yeux. En veillant à ne pas pourrir la tranquillité des habitants, on commence par contourner Bourbon-l'Archambault par l'Ouest, afin d'apercevoir la forteresse médiévale, berceau de la dynastie des Bourbons, protégée par la Tour Qui Qu'en Grogne, le long de l'étang municipal. Ses trois donjons laissent imaginer les trames qui s'y sont déroulées au fil des siècles. Une visite ultérieure par voie terrestre permet accessoirement de remonter au Moyen-Age et de s'initier aux arts courtois, à la chevalerie et autres philosophies perdues que des guides en costume d'époque tentent de perpétuer. Bourbon-l'Archambault est également une cité thermale qui fut, au XVIIe siècle, la reine des villes d'eaux du royaume de France. La source thermale provient d'une faille géologique où elle est captée à température de 55°C. Ses vertus thérapeutiques, attribuées sont connues depuis l'Antiquité. L'eau hyperthermale s'est constituée lentement sur les couches profondes de la Terre, au voisinage du socle volcanique du Massif Central. Les traitements pratiqués aux Thermes utilisent les éléments actifs dont elle se libère pour être absorbés par l'organisme.