C’est récurent et c'est une antienne annuelle bien connue... mais ce serait une grosse erreur que de ne pas revenir et de passer sous silence sur ce qui est une ''épine'' dans le pied de nos pratiques aéronautiques : les accidents, avec les mêmes conséquences et les mêmes origines, que l'aviation soit lourde ou légère, certifiée ou non. Les facteurs humains sont en cause dans la grande majorité des cas !

Si nous prenons pour référence les premiers accidents mortels de l'année, ceux qui attirent évidemment le plus l'attention de nos hommes politiques et de nos administrations, tout autant que les accidents corporels ou simplement matériels, on constate tout d'abord que ce sont des commandants de bord, pilotes au nombre d'heures de vol conséquent et d'un certain âge qui en sont les victimes. On relève un heurt de lignes à haute tension ou un problème structurel.

Ce dernier aurait dû et pu être mis en évidence avec un entretien sérieux et des visites pré-vols plus minutieuses. Véritablement, ce sont des accidents mettant en cause le fameux ''facteur'' humain. On peut, encore dernièrement, constater que le virage à forte inclinaison suite à une panne moteur au décollage pour se reposer sur la piste se termine en général très mal... et cela depuis plus d'un siècle ! Il ne faut donc même plus parler uniquement de formation de base, mais d'entraînement régulier, notamment à la panne moteur et à la préparation ''mentale'' de ce qui pourrait ne devenir qu'un incident en adoptant la réaction adéquate ; même si elle doit entraîner la destruction de la machine, la solution du ''droit devant'' permet dans toutes les configurations (sauf exception bien entendu) une bien meilleure maîtrise de la machine que le décrochage à basse altitude et en virage.

Autres exemples tirés d'accidents récents, la non-utilisation du parachute de ''sauvetage'', soit parce qu'il n'était pas monté sur la machine (évidemment), soit parce que la hauteur ne laissait pas le temps suffisant à le déclencher, soit parce que l'équipage n'était certainement pas mentalement ''prêt'' à l'utiliser au moment opportun. Il est vrai que nous devrions plus insister dans nos formations sur les aspects ''psychologiques'', ''réflexes'' et ''techniques'' de l'utilisation d'un équipement de sauvetage qui certes, n'évite pas l'accident, mais qui, comme l'an dernier, préserve des vies lorsqu'il est déployé à bon escient.

Au printemps nous déployons véritablement nos ailes en grand nombre. Notre ami c'est le ciel. Notre compagnon de jeu, notre destrier des airs. Mais notre véritable ennemi... c'est nous-mêmes ; par orgueil, par suffisance, par confiance excessive, par griserie, par manque de modestie et d'humilité et plus encore par simple manque de bon sens.

Ouvrons les yeux : nous bénéficions d'une réglementation ULM particulièrement bienveillante. L'EASA, que je fréquente assidûment, et notre DGAC, subissent de leur côté une grosse pression des Institutions politiques supérieures, Ministères, Parlements, Commission européenne, dont les hommes qui les composent sont accrochés à leurs fauteuils et ne se réfèrent qu'aux froides et manipulables ''statistiques'', en rêvant de la ''Réglementation'' salvatrice qui réglerait tous les maux. Le pire c'est qu'ils y croient vraiment. Difficile alors de les convaincre que la solution n'est pas celle qu'ils préconisent, mais qu'il faut faire ''confiance'' a priori à la responsabilité individuelle de chacun d'entre nous.

Pour arriver à les convaincre, il faut nous y aider en améliorant ces fameuses statistiques auxquelles ils ''s'accrochent'', et par conséquent faire les efforts nécessaires en termes de formation, d'entraînement, de préparation mentale et d'équipements adaptés.

Un sacré défi à relever !

Bons vols !

Dominique Méreuze
Président de la FFPLUM