logo ULMaG www.ulmtechnologie-shop.com
essais
boîte à malice
technique
tourisme
dossiers
expériences
salons


Edito mars 2015
177 articles .......... anciens éditos


vignette
Le cinquième élément : celui de trop

Certains me traiteront de poule mouillée... Poule peut-être. Mouillé, sûrement pas ! Car s'il existe un élément que je déteste par dessus tout, quand je ne revêts ni maillot, ni palmes, c'est la flotte. Et je la déteste encore plus si je dois m'y baquer fringué et enfermé dans une boîte impropre à cet usage.

Bref, plonger dans la baille en ULM, très peu pour moi. Et même si j'ai eu l'immense plaisir de baguenauder entre mangroves et embouchures australiennes avec un Beaver De Havilland à babouches tôlées, je ne suis toujours pas certain que l'hydraviation soit une quadrature acceptable pour un terrien volant.

L'eau est un élément tellement vicieux que même les sous-marins s'y abiment. Alors pensez... un aéroplane !

Ceci pour en venir à la panne qui a contraint notre ami Emmanuel Godier à amerrir en Méditerranée et à rallier la côte à la nage. Un ''exploit'' à saluer. L'énergie qu'il a dépensée pour sa survie est à la hauteur de son courage, de ses réflexes, de son habileté et de son endurance physique. Deux kilomètres dans de l'eau à 13°C ; un accostage sur des rochers ; plusieurs heures à errer dans le noir... Bien peu auraient pu narrer cette aventure de leur vivant...

Pilote sérieux et expérimenté, Emmanuel convoyait un ULM tout neuf d'Italie en France, avec une halte en Corse. Il était réglementairement équipé pour réaliser la traversée. L'accident a eu lieu alors qu'il entamait la deuxième étape du voyage.

A priori, le pilote n'a commis aucune faute. Au contraire, il a très bien géré le problème de feu moteur qu'il rencontrait.

Le feu... l'une des pires saloperies que peuvent connaître un pilote ou un marin. Pour le pilote, la vacherie est consommée quand il doit rejoindre la planète au plus vite, attisant de fait les flammes. J'ai rencontré un moustachu qui a connu cette avarie avec un Stamp. Lui, a éteint le feu en piquant comme un damné, reconnaissant que la méthode était aventureuse. Guy... un adorable que le crabe nous a soustrait.

J'en reviens à la flotte, ennemie d'à peu près tout ce qui vole, flotte ou bouge. Celle-là, il m'arrive de la survoler, pas toujours en local de la terre ferme. Et chaque fois, je repense à cette discussion avec mon frangin, un gars formaté qui vole certifié parce que redevable d'un crédit aux conditions drastiques.

Son DR400 ne connaît pas la panne. Normal, puisqu'une armée de tamponneurs a noirci des formulaires super vachement sécuritaires. Ses bielles sont donc en titane moltoblazé, ses bougies en saperlipopette chromée et ses carters en limonade aciérée. Dès lors, pour lui, la Corse, c'est OK dès qu'il a fini les pleins. Il est bon père de famille, et ne court aucun danger en glissant au dessus de la flotte, au dessus des Alpes et partout où un appareil non certifié serait, selon le manuel du pilote, en péril.

Perso, j'adhère à l'idée qu'un aéronef est en danger quand une panne mécanique, même gérée au mieux, ne peut que déboucher sur un accident.

A fortiori si on parle de monomoteur. Et quel que soit son niveau de certification. Je ne connais pas personnellement le sorcier qui envoûte les bielles et tord les vilebrequins, mais je sais de source sûre qu'il ne tamponne aucun papier. Lui, il frappe au hasard. Dès qu'il entend le prout-prout d'un moteur, il envoie une malédiction. Après, elle touche sa cible ou pas... Cela dépend de paramètres qui nous échappent.

Donc, le frangin pourrait voler sans penser au moteur, comme nombre de pilotes de club pour qui le tamponnage fait oeuvre de bouclier anti-sorcellerie. Un bouclier administratif plein de cases cochées et de signatures illisibles. Sauf qu'en ex-ulmiste, le frangin écoute encore la mélodie des bielles et s'entraîne à ce qu'elles le trahissent. Bien lui prend d'ailleurs, parce qu'elles l'ont justement trahi lors d'un vol récent, et qu'il a dû gérer la panne moteur. Il s'en est sorti académiquement, avec méthode, discipline et adresse. Une panne sortie tout droit de l'imaginaire, sans doute, puisque les documents étaient tamponnés et que l'avion sortait de GV ! Il était administrativement en état de voler. Certification à l'appui.

On n'en a pas trop reparlé depuis, mais il me semble qu'il relativise encore davantage l'efficacité du bouclier... Pour ma part, j'hésite entre prudence et logique statistique. En toute logique, et sous réserve que je n'avertisse pas mon moteur que nous survolons une zone merdique, il n'a pas lieu de stresser, de se fouler une bielle ou de rompre une durite. Des centaines d'heures à tourner comme une comtoise ; ce serait pas de bol qu'il nous déraille une arythmie au moment pile où je quitte le local de sécurité. Ou alors le sorcier maudit en veut à ma pomme et me poursuit.

Mais ça, je n'y crois pas. Parce que les sorciers n'existent pas, et que celui-là ne me connait pas.

Il y a la logique statistique, mais aussi la prudence. Or en pilote (généralement) prudent, je pars du principe que le sorcier existe réellement et qu'il n'en veut qu'à moi. En cela, je m'appuie sur un adage que m'avait appris mon père, pilote motocycliste, avant que je m'élance sur ses traces : ''garde-toi de te sentir en sécurité ; tu es invisible, mais la chasse aux invisibles est ouverte''... Partant de ce dogme parano-sécuritaire, j'ai réussi à user plus d'un million de kilomètres de goudron à moto sans jamais me pulvériser la face... Il n'avait pas tort, le dabe.

Entre logique statistique et prudence, il y a le pourcentage risque. Si un moteur peut tomber en panne une fois toutes les dix mille heures, alors nous avons 99% de chances qu'il tombe en panne dans la prochaine heure. C'est la magie des probabilités et aussi la faute aux copains qui viennent de totaliser neuf mille neuf cent quatre-vingt-dix-neuf heures sans problème ! Ne me demandez pas comment ça marche et ce qu'est une valeur marginale ; demandez-le plutôt à ceux qui ont gagné au Loto ; ceux-là même qui ne pouvaient pas gagner parce qu'on n'a qu'une chance sur plusieurs millions d'y parvenir. Et oui... sauf qu'autant de millions de joueurs ont joué !

Donc partant du principe que le moteur va tousser dans la prochaine heure, ce qui est possible, probable, admis et potentiellement inéluctable, même si cela n'arrive pas et n'arrivera jamais, et voulant réduire le risque à un faible pourcentage, la logique voudrait qu'on n'entreprenne pas les vols hors local de sécurité. Donc terminées les belles balades en montagne. Finis les voyages en Corse, en Angleterre, vers les îles anglo-normandes ou continentales.

En suivant cette théorie aussi absurde qu'implaquablement exacte, et pour en revenir à l'ami Godier, le voyage qu'il a entrepris était voué à se terminer à la baille. Il s'est d'ailleurs terminé de la sorte. Pourquoi ? Certes pas à cause du pilote ou de l'aéronef. Mais à cause de ces putains de valeurs marginales qui apportent la petite touche d'originalité aux si ennuyeuses statistiques.

En fait, c'est plutôt arriver à destination qui relève d'une singularité remarquable.

Philosophiquement, notre monde repose sur quatre éléments : la terre, l'air, l'eau et le feu. Un de plus est un de trop. Emmanuel Godier nous en a apporté la démonstration. Planant dans les airs et sujet à un feu moteur, il a plongé dans l'eau avant de regagner la terre ferme. Le cinquième élément était dans ce cas l'aéronef.

Donc s'il ne faut conserver que quatre éléments et que l'avion doit en faire partie, supprimons l'eau, la terre, l'air ou le feu. Pour l'air, cela semble un peu compliqué ; pour le feu, nous n'en avons qu'une maîtrise approximative ; et quant à la terre, elle permet de (se) reposer en paix. Reste l'eau.

Ben voilà... Je sais maintenant pourquoi les survols maritimes me mettent un peu mal à l'aise ; le cinquième élément n'est pas toujours celui qu'on croit. Mais il est toujours de trop.

Bons vols, avec prudence.

Miguel Horville

ANCIENS EDITOS
A force de faire n'importe quoi...
octobre 2024
Somme-nous semblables ?
septembre 2024
ULM : les paillassons volants (partie 2)
août 2024
ULM : la serpillière des profiteurs (partie 1)
avril 2024
Et la montagne accoucha d'une souris
mars 2024
Le client est-il roi ?
janvier 2024
Remise de gaz : y penser à deux fois !
décembre 2023
Cachez cet objet volant télépiloté que je ne saurais voir
octobre 2023
Blois 2023 : l'audace et la persévérance
septembre 2023
Et s'il y avait moyen de ne pas disparaître ?
juillet 2023
Un constructeur qui se fout bien du monde
juin 2023
Quand sonne l'heure
avril 2023
Situations conflictuelles
mars 2023
Le coup du marteau sur la tong
février 2023
Mon curé chez les ulmistes
janvier 2023
Les complices
décembre 2022
Quand les clubs nous font voler
octobre 2022
Fin de cycle sur tapis rouge
septembre 2022
Quand l'intégrisme vert vire au kaki
août 2022
Les règles et ce qu'on en fait
juillet 2022
Grand pouvoir et irresponsabilité
juin 2022
Un martien, sinon rien...
avril 2022
Et si on taxait l'indécence ?
mars 2022
Une lente descente vers le désenchantement
février 2022
Un ''sentiment'' d'augmentation...
janvier 2022
Histoire d'un voyage ordinaire extra
décembre 2021
MANEX pour OBL en OPS ULM
octobre 2021
MULM de la FFPLUM : une réussite !
septembre 2021
Du bal des timbrés aux joyeux suicidés
août 2021
Une idée féministe... l'ULM inclusif tendance woke sauce Fayence
juillet 2021
Une balle dans le pied... Une autre dans la tête !
juin 2021
Monopole, le chemin de la régression
mai 2021
La pilule de la veille
avril 2021
L'argent des autres
mars 2021
Comparaison n'est pas raison
février 2021
Fédérer, uniformiser... désunir
janvier 2021
De quoi j'me mêle ?
décembre 2020
Le diable se cache dans les petits caractères
novembre 2020
La cocorilose* en inaction
octobre 2020
J'ai perdu mon ombre... et bientôt ma liberté
septembre 2020
Punir les pilotes ; une idée citoyenne !
août 2020
Et Dieu créa la différence
juillet 2020
Bonne fête, mère Mozette
juin 2020
Vivre riche, sans modération
mai 2020
Histoire d'un rêve qui se termine
avril 2020
Le virus qui rend tout fou
mars 2020
Ceux dont la vie vaut plus
février 2020
Les bonnes résolutions
janvier 2020
Les pendul' à l'heure
décembre 2019
Pour qui roule la fédé' ?
novembre 2019
Qualif' radio : le début du renoncement
octobre 2019
Cherche ULM désespérément
septembre 2019
De qui se moque-t-on ?
août 2019
Les spécialistes
juillet 2019
Le respect des hôtes, des autres
juin 2019
Métastases cherchent naïfs pour proliférer
mai 2019
Les nouveaux ULM...
avril 2019
Vend liberté : mise à un prix 300 000 euros !
mars 2019
Remplir les cases
février 2019
Générations éphémères
janvier 2019
Est-il urgent d'attendre ?
décembre 2018
Aérodrome avec supplément d'âme
novembre 2018
Promotions à débattre
octobre 2018
Victimes or not victimes ?
septembre 2018
La foire aux accessoires
août 2018
Esprit ULM... es-tu là ?
juillet 2018
Entre peu et pas, un état d'esprit
juin 2018
Espace Schengen, my ass...
mai 2018
Entêtement irresponsable
avril 2018
Du carburant frais pour voler ''safe''
mars 2018
Universalité ; diversité ; francophonie...
février 2018
ULM : aéronef sémantiquement indésirable
janvier 2018
Ce contexte qui brise le rêve ?
décembre 2017
Parler patois pas parler à toi ?
novembre 2017
From rustic to high-tech
octobre 2017
S'élever, se régaler, se déplacer...
septembre 2017
De l'impuissance à l'imposture
août 2017
Baliser entre les cônes
juillet 2017
ULM : le bal des hypocrites
juin 2017
Les marquis du narquois vous em... brassent
mai 2017
500 kg : et après ?
avril 2017
Il est si facile d'interdire
mars 2017
A quand les ZIP ?
février 2017
Spécialistes en herbe
janvier 2017
Légèreté
décembre 2016
Comprenez si vous pouvez
novembre 2016
Le ciel a bon dos
octobre 2016
Salon de Blois : les limites
septembre 2016
Les euro-cocus du 8.33
août 2016
Concepteurs amateurs
juillet 2016
Ce chien... un humain comme les autres
juin 2016
Fumisterie électrique
mai 2016
De l'économie au foutage de gueule
avril 2016
Ça va chier !
mars 2016
Presbyte cherche gros caractères
février 2016
Et après?
janvier 2016
Le prix du baril d'a-brut-i...
décembre 2015
Vol de nuit : le bal des hiboux
novembre 2015
Et si la sophistication tuait ?
octobre 2015
Victimes consentantes
septembre 2015
Le sentir... ou pas
août 2015
La saison des gamelles
juillet 2015
Qui osera ?
juin 2015
Un système qui nous échappe
mai 2015
Multicopters : vers une 7e classe ULM ?
avril 2015
Le cinquième élément : celui de trop
mars 2015
Vigipirate : entre psychose et laisser-aller
février 2015
Dans le brouillard de la schizophrénie
janvier 2015
Une furieuse envie de voler !
décembre 2014
Marques sulfureuses... attention patates chaudes !
novembre 2014
Ceux dont la vie vaut moins...
octobre 2014
Drones : la messe est dite
septembre 2014
Attention aux bagages
août 2014
Dieu ne connaît pas ma soeur !
juillet 2014
L'ultime décision ; question de choix
juin 2014
Le beurre, l'argent du beurre et le reste on s'en fout
mai 2014
Volez! : la fin d'une histoire
avril 2014
Nous irons tous au paradigme*
mars 2014
Histoire belge
février 2014


Transfert d'incompétence : le Noël des voyous
Le désengagement de l'Etat inscrit dans le cadre de l'acte 2 de la décentralisation a permis aux collectivités (communes, groupements de communes, syndicats mixtes, départements...) de bénéficier de la ''donation'' sans contrepartie de surfaces foncières parfois très attractives. Outre que ceci représente...

Drones à toutes les sauces
décembre 2013
Sophistication simplifiée
novembre 2013
Histoires de discrimination
octobre 2013
Un cône, ça se respecte ou ça se fume
septembre 2013
Dommages collatéraux
août 2013
Voler n'est pas un caprice
juillet 2013
Profiter c'est bien : mériter c'est mieux
juin 2013
Rencontres avec des martiens
avril 2013
Les pommes tombent des arbres... Les bananes s'y accrochent !
mars 2013
La méritocratie des branleurs ; comment accélérer le déclin
février 2013
Occasion : qu'est-ce qui cloche au pays des ulmistes ?
janvier 2013
Problèmes d'entoilage X-Air : lumière en vue
décembre 2012
Total Access ou l'étonnant paradoxe d'un vampire au sourire d'ange
novembre 2012
Une tablet'... à tous prix !
octobre 2012
Sainte Sarah is watching you*
septembre 2012
Intérêts... Désintérêt ? Connivence ou naïveté ?
août 2012
Conflit de probité ou incompétence... le danger guette
juillet 2012
J'ai tombé, je m'ai fait mal, je m'ai relevé... ou pas
juin 2012
En mai, fais ce qu'il te plaît...
mai 2012
Le bruit flou de l'administration
avril 2012
Rotax 912 iS : une innovation qui se mérite
mars 2012
Ne sombrons pas dans la vulgarité
février 2012
Et quoi d'autre pour 2012 ?
janvier 2012
Voler, c'est voler
décembre 2011
Les limites ont été atteintes... et dépassées !
novembre 2011
Blades...
octobre 2011
Les femmes, mères de tous les maux
septembre 2011
Le Tour ULM : une belle vitrine pour l'aéronautique
août 2011
Fausse-bonne idée cherche gogos... pour allonger l'oseille
juillet 2011
Du choix des mots et des propos
juin 2011
Basses couches en vert kaki
mai 2011
Ce facteur qui sonne toujours ... le glas
avril 2011
OUI... MAIS...
mars 2011
Des vautours planent sur nos ULM
février 2011
Restons éveillés
janvier 2011
Faisons un rêve
décembre 2010
Attention à la tâche d'huile...
novembre 2010
Mon royaume pour un bidon
octobre 2010
Genèse d'une Loi liberticide
septembre 2010
Aime le ciel, et le ciel t'aimera... peut-être
août 2010
Voler en Belgique... ou rouler
juillet 2010
Poule, oeuf et sophistication : la classe de plus, la classe de trop ?
juin 2010
Sous couvert d'anonymat
mai 2010
Taxe carbone : carbonisée
avril 2010
L'union fait notre force, notre salut
mars 2010
Le désespoir de ceux qui restent
février 2010
Bug de l'An 2000 : une simple répétition ?
janvier 2010
Migration : coucous désorientés
décembre 2009
La Chine s'éveille ; le monde s'endort
novembre 2009
Une crise... quelle crise ?
octobre 2009
Un parachute par amour, ou par respect
septembre 2009
Quand les pilotes dérapent...
août 2009
Quand les médias dérapent !
juillet 2009
A moi le ciel électronique !
juin 2009
A la gravité s'ajoute la connerie !
mai 2009
Etrange réglementation...
avril 2009
Inauguration
mars 2009

Webmaster : Fabrice Gay & MH - Rédacteur : Miguel Horville - ULMaG ©2008-2024
















page générée en 0,02 sec.