L'information ne parle pas d'avion, mais elle est au moins aussi importante que les vapeurs de Nico le sportif : reprise par de nombreux médias dont l'AFP, elle relate le lynchage dont a été victime le directeur-général de l'usine sidérurgique chinoise Tonghua Iron and Steel, après que ce dernier a annoncé aux 35 000 salariés que 30 000 d'entre-eux allaient être mis au chômage dans un bref délai après le rachat de leur entreprise.

Rendus furieux par le cynisme du dirigeant, certains employés l'ont attaqué et proprement lynché.

Si les conflits sociaux sont de plus en plus fréquents en Chine et prennent parfois une tournure violente, il semble que ce soit la première fois que des milliers de salariés en colère en viennent à tuer un patron.

Contre toute attente, le gouvernement provincial craignant que le mouvement ne dégénère, a eu la judicieuse idée de stopper la fusion-rachat du groupe industriel. Par ailleurs, la police mène son investigation sans trop de zèle pour la même raison.

Faut-il se réjouir qu'un homme, même un salopard de la pire espèce (comme le sont les exploiteurs de la misère humaine), soit mort ?

Non... bien sûr, affirmeront quelques bien-pensants. Ceux-là même qui oublient, cocktails rosâtres à la main et balai dans le fion, que leur liberté d'exprimer leur répulsion envers la violence a été acquise dans la sciure des guillotines.

S'il faut en repasser par là, peut-être que la mort d'un exploiteur dans le pays de l'exploitation est le plus puissant symbole d'un monde en réelle mutation.

Pour parodier la marionnette d'Arlette, faudra-t-il ouvrir le ventre des patrons et les pendre avec leur tripes pour calmer leurs ardeurs capitalistes ?

Miguel Horville