C'est souvent en début d'année que nous nous prenons parfois à songer au remplacement de notre ULM pour profiter au printemps et en été d'un nouveau jouet, peut-être plus moderne et plus performant, ou à l'acquisition d'une première machine ; l'ULM qui nous permettra d'assouvir à satiété notre irrépressible passion de voler. C'est par ailleurs une constante humaine (et heureusement !) que de désirer connaître et posséder toujours plus et mieux. Mais il faut parfois faire la part des choses, entre le rêve d'excellence et les moyens d'acquérir.

Dans le domaine automobile qui n'a pas rêvé devant une Ferrari ou une Lamborghini, dans la rue ou à l'occasion d'un salon ? Pour finalement se retrouver, heureux tout de même, au volant d'une modeste petite voiture d'occasion, sans se sentir frustré pour autant. Et la petite cylindrée possédée à 20 ans aura parfois la chance de se transformer en une confortable et puissante voiture après la soixantaine, le conducteur étant patiemment monté dans la gamme au fil des ans.

Ce qui est admis et compris pour l'automobile devrait l'être tout autant pour l'ULM... or ce n'est pas le cas ! Il ne se passe pas de semaine sans que pilotes, fonctionnaires et journalistes ne mettent en avant la dérive du monde ULM qui ne proposerait plus, soi-disant, que machines lourdes, rapides, performantes et... chères. Certes c'est en partie vrai. Mais en partie seulement. C'est en effet ignorer l'extrême richesse du parc ULM, neuf et d'occasion, qui offre à chacun la possibilité de trouver des « ailes » à sa mesure financière. Débuter à 20 ans avec un paramoteur d'occasion à 2 500€, après avoir travaillé pendant les vacances pour réaliser un rêve devenu ainsi accessible, c'est possible. Acquérir neuve la nouvelle « Guêpe » biplace d'Aéro Services ou le dernier « Quick », neuf ou d'occasion, reste tout à fait raisonnable pour s'envoyer passionnément en l'air. Ce qui n'empêche pas d'admirer les Dynamics et autres MCR01, Rolls des multiaxes. En pendulaire les offres sont tout autant prolifiques en termes de simplicité et de coûts d'achat tout en « bavant » devant les derniers Tanargs ou Combos.

Il est donc faux d'affirmer que l'ULM perd son âme, ses racines, sa simplicité et la modestie relative de ses coûts, à force de progrès permanents en termes de performances et de technologies. Les ULM accessibles et dans l'esprit existent... il faut juste accepter de les voir, sans pour cela nous priver d'admirer ceux qui pour un certain nombre d'entre nous sont hors de portée.

En cela, le salon de Blois, par exemple, est identique aux salons de l'auto et de la moto ou du salon nautique : on s'y rend tout à la fois pour trouver l'objet de ses désirs et... de ses moyens, et pour rêver devant l'inaccessible ! Mais finalement ce qui compte avant tout c'est de découvrir l'accessible ; et le monde de l'ULM, contrairement aux idées, qui malheureusement progressent, est, dans ce domaine, d'une particulière richesse. Il suffit d'ouvrir les yeux... Attention à l'arbre qui cache la forêt. Politiquement, c'est ce que je m'épuise à faire comprendre à nos interlocuteurs de l'EASA : le mouvement ULM c'est certes l'ULM haut de gamme... mais ce n'est pas que cela. Nous ne renions personne et aimons tous nos enfants du même amour : mais nous ne voulons pas que l'on masque la réalité pour ensuite mieux nous contraindre sous des prétextes fallacieux : nous serions tous extrêmement riches et nous ne piloterions que des avions.

Sachons être nous-mêmes, chacun à notre mesure et selon nos moyens ! La richesse et l'étendue du marché de l'ULM nous y autorisent.

Bons vols,

Dominique Méreuze
Président de la FFPLUM