Récemment une connaissance de club me demande des conseils pour vendre au mieux son ULM multiaxe. Je connais un peu sa machine ; elle est saine et totalise un petit millier d'heures, ce qui n'est pas énorme vu qu'un Rotax 912 UL l'équipe et qu'elle n'a jamais subi le stress de l'écolage. Par ailleurs le proprio est doux aux commandes et le précédent l'était pareillement.

Selon moi, l'ULM se négocie autour de 22 000 euros. Le gars l'a payé 28 000 et en a profité 5 ans, durant lesquels il lui a collé 250 heures. Je lui recommande de réparer quelques petits défauts, notamment le faisceau électrique qui pendouille de partout (construction amateur). En soi, rien de plus banal.

Sauf quand ULMaG reçoit la petite annonce, laquelle indique un total horaire de 550 heures, cellule et moteur. Contacté par mail à ce sujet, le vendeur bafouille qu'il s'agit d'une erreur et demande une correction (950 heures). L'annonce a été refusée au motif qu'il ne s'agit pas d'une erreur : on n'écrit pas 3 fois de suite 550 quand on pense 950 !

L'histoire ne s'arrête pas là. Je parle de ce cas à un pote, fidèle lecteur et correspondant de ULMaG. Cela ne le surprend pas ; il a déjà remarqué cette annonce ''intéressante'' dans une revue d'ULM vendue en kiosque. Vérification faite, la même erreur est survenue. Quelle manque de chance !

Si le procédé me semble écoeurant, je n'ai toutefois pas l'esprit dénonciateur. La personne est bannie de mes fréquentations, et par ailleurs black-listée du magazine. Elle sait parfaitement ce que je pense d'elle et meurt de honte à l'idée d'avoir été démasquée.

Trois autres annonces, publiées depuis juillet 2012, m'ont été signalées comme mensongères ou frauduleuses, bien qu'il ne s'agisse pas des habituelles arnaques. J'ai contacté leur auteur et dû en retirer deux, la troisième bénéficiant d'un doute raisonnable.

Et puis, il y a tous ces petits ''détails'' rencontrés ça et là, qui m'obligent à corriger, ici une donnée, là une autre, pour que les fiches restent en phase avec la réalité. Contre toute attente, ces petites ''erreurs'' sont systématiquement à l'avantage de l'aéronef à vendre.

La question se pose alors : qu'est-ce qui cloche au pays des ulmistes ? Faut-il être malhonnête pour vendre un ULM ? Que se passera-t-il quand, suite à accident mortel, une enquête judiciaire débouchera sur la malhonnêteté d'un vendeur ? Celui-ci aura-t-il (outre les emmerdements mérités) la conscience en paix ?

Personne n'est un saint au pays de l'occasion. On ne vante bien sûr pas prioritairement les défauts de ce qu'on vend. On espère que l'acheteur ne s'en apercevra pas, qu'il n'aura pas d'ennui avec, ou le plus tard possible. Il faut pourtant rester clean ; pour éviter les soucis, évidemment, mais surtout pour que le marché de seconde main ne devienne pas à terme un marché de la mort. Car là, aucun doute à ce sujet, l'administration pointera son nez dans nos petites affaires, à la manière du contrôle technique automobile (une très bonne chose en soi), et c'en sera fini d'une énième liberté.

Et puis.. si on ne veut pas un jour se faire refourguer une ''merde volante'', mieux vaut ne pas en refourguer soi-même... non ?

Bons vols

Miguel Horville