Notre fédération a eu le très bon réflexe de rappeler en début d'été les risques liés aux fortes chaleurs estivales : phénomènes météo aléatoires ; dégradation des performances ; altération physiologique...

En effet, de nombreux accidents ont pour cause une chaleur inhabituelle qui surprend certains pilotes. Et même si tous les ULM n'en sont pas affectés de manière égale, il convient de connaître ces phénomènes et de les anticiper.

Dans son communiqué, la FFPLUM fournit l'excellent graphique de Koch qui montre de façon simple et indiscutable les possibles dégradations de sustentation des aéronefs en fonction de la température et de l'altitude.

Excellent... mais faux. Du moins inexacte et insincère.

Suspectant une possible imprécision du graphique fourni et surtout en quête de légendes françaises pour les pilotes français vivant en France et soucieux de parler le langage communiqué par leurs parents, les institutions et leurs potes de club (et surtout soucieux d'éviter les traductions hasardeuses qui conduisent invariablement à des incompréhensions ou des contre-sens), je me suis astreint à compiler tous les graphiques similaires en provenance de toutes les sources possibles, depuis internet jusqu'aux bibliothèques des moins illettrés.

Cette recherche m'a conduit à plusieurs convictions :
- le graphique original est dissimulé au fond d'un coffre scellé perdu dans une région oubliée d'une planète lointaine,
- les nombreuses reproductions ont pour auteurs des handicapés, malvoyants, paralysés des membres supérieurs,
- les traducteurs employés à l'adaptation des légendes ont quitté l'école beaucoup trop tôt.

En résulte une palanquée de graphiques dits ''de Koch'', approximatifs et imprécis, juste bons à induire les pilotes en erreur.

Aux extrêmes, on constate des écarts de majoration de distance de décollage supérieurs à 30%, avec un record à 100 % !

Très désappointé par cette quête foireuse, j'ai demandé à une pointure de la règle à calcul* de synthétiser au mieux les douze-mille graphiques que j'avais collectés.
* j'aimerais tant mettre un S à calcul... une règle qui ne fait qu'un calcul ne sert à rien !

Sitôt dit, sitôt fait. Fort d'un cerveau aux lobes anormalement turgescents, Ethan Brown m'a pondu ce que je tiendrai désormais pour relique fidèle à l'esprit de son inventeur, Maître Koch, sans toutefois en revendiquer une quelconque authenticité, ni en imposer la justesse. Restons humble, c'est cadeau (bas de page).

Maintenant, la leçon que je retire de ceci.

L'aviation est régie par des règles prescrites comme seules garantes de notre survie. En même temps, dans les faits, on passe le plus clair de notre temps à y déroger, à interpréter des paramètres, à inverser des méthodes, à imaginer des façons, bref à concocter des palliatifs dévoyés, qu'on juge adaptés aux circonstances du moment.

Graphiques archi faux ; et ?
Contre-qfu ; et ?
Dérapage et bille en vrac à ras du sol ; et ?

C'est le règne du faites-ce-que-je-dis, mais pas-ce-que-je-fais.

En fait, je pense qu'un dieu bienveillant nous accorde de voler, sans regard pour nos manières, qu'elles soient conformes ou dissidentes.

Comme dit Gilou, philosophe-diéséliste et psycho-chaudronnier : prépare ta soupe comme tu veux, comme du peux, sans écouter les critiques ; au moins, tu auras le ventre plein (mais où puise-t-il son inspiration ?).

Bons vols, en finesse, en souplesse, en sécurité.

Miguel Horville



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