Ce résultat mathématique, s'il est exact, peut en fait ne rien représenter du tout dans notre esprit, si l'on veut bien admettre, qu'isolés d'un contexte ou sans identité, ces chiffres bruts sont vides de sens. Ceci est pire encore si contextes et identité sont orientés ou truqués.

C'est malheureusement ce à quoi nous sommes trop régulièrement soumis avec la parution quasi quotidienne de statistiques diverses et variées dans tous les domaines. Notre monde aéronautique n'y échappe pas ; et encore moins celui de l'ULM, dans le domaine de la ''sécurité'' des vols en particulier !

Certes, pas plus que les autres pratiques aéronautiques, nous n'avons à nous vanter de nos chiffres ; nous connaissons encore trop d'accidents, mortels, corporels et matériels ; et un accident sera toujours un accident de trop. Malgré les efforts accomplis, nos progrès stagnent depuis quelque temps ; il nous faut donc continuer, si ce n'est amplifier, nos actions. Nous n'obtiendrons des résultats probants que si ces efforts sont collectifs, autant qu'individuels, relayés efficacement et continus dans le temps. Mais nos taux ne sont pas supérieurs à ceux de ces mêmes autres pratiques qui connaissent pourtant des contraintes réglementaires très supérieures aux nôtres... qui devraient théoriquement bien mieux les protéger... dixit les technocrates de tout poil.

En m'insurgeant contre le sort qui nous est fait, trop habituellement, dans la présentation des statistiques des accidents en aéronautique (en dépit des rapports nationaux ou d'un niveau européen qui accréditent la thèse que la pratique de l'ULM n'est pas plus accidentogène que les autres*), je n'exprime pas une négation du travail qu’il nous reste à réaliser pour améliorer notre taux d'accident. Mais je demande avec insistance que l'on veuille bien arrêter par manipulation, omission ou manque d'éléments objectifs de nous présenter comme une pratique dangereuse ; et par là même d'essayer de nous culpabiliser, ce qui peut nuire par ailleurs à la sérénité des vols, pourtant facteur éminent de sécurité.

Un bulletin de l'administration nous a récemment présenté un graphique avec pour seul commentaire que les ULM en 2010 ont été impliqués dans 40 % des accidents mortels de l'Aviation Générale et du Travail Aérien ; également, un texte d'une association nationale d'instructeurs (avions et... ULM) affirmait sans autre explication que le nombre d'accidents d'ULM en 2011 aurait progressé de 62 % ! Ce ne sont que deux exemples, mais significatifs car émanant de signataires considérés au demeurant comme généralement sérieux. Un quotidien régional a sous-titré une photo d'un gros bimoteur posé sur une plage comme étant le témoin d'une panne d'ULM !

Il serait objectif, sain et honnête, lorsque l'on parle d'ULM, de replacer les chiffres dans leur contexte ; celui-ci peut également être chiffré : chiffre du nombre d'appareils en ''exploitation'' par leurs propriétaires, chiffre du nombre d'heures de vol effectuées en moyenne annuellement par leurs pilotes, importance du parc, nature des vols, caractéristiques des appareils, spécificité des incidents et accidents (confère page 8 l'article de Thierry Couderc dans l’ULM info n° 79).
Par négligence, intérêt et surtout jalousie par rapport à un mouvement qui se développe d'année en année, certains comparent en toute conscience des données incomparables ; pour se donner le beau rôle, ils refusent nos chiffres lorsqu'ils ne vont pas dans leur sens : à titre d'exemple nos résultats en termes de nombre d'heures annuelles de vol en moyenne par pilote nous sont déniés, au motif qu'il s'agit de ''déclarations'' non estampillées du sceau ''officiel'' sur un carnet de vol ''officiel'' ; on oublie systématiquement de préciser que le parc ULM représente à lui seul en France presque le triple du nombre de tous les autres aéronefs de loisir.

Les chiffres ne représentent rien en eux-mêmes s'ils ne sont pas le support à des analyses fines et complètes de tous les facteurs complexes qui les ont générés.

Merci à tous ceux qui ''nous veulent du bien'' et à ceux qui souhaitent sincèrement nous aider à faire progresser la sécurité de nos vols de ne pas l'oublier.

Un beau sujet à méditer !

Dominique Méreuze
Président de la FFPLUM


* Rapport Souchelot – Finot sur la Sécurité de l'activité Vol à Moteur de l'Aviation Générale ; Rapport Hawk - EASA ''Microlight Study''