Comme chaque année sur l'aérodrome de Blois-le Breuil (LFOQ), le rassemblement a permis aux amateurs de venir à la rencontre des professionnels de l'aviation légère ou ULM. Si les hélicoptères ont encore fait leur show, le ballet commence à prendre une allure de déjà vu... La classe 6 ULM a ses adeptes, certes, mais le phénomène de découverte s'estompe, remplacé par de réelles interrogations : la technique suit-elle les promesses ? Le rêve de réaliser des ''missions'' a-t-il une réponse dans la réalité des faits ? Autant d'interrogations que les amateurs se posent avant de rencontrer les constructeurs, qui démotivent les plus pragmatiques (ou les moins rêveurs). Pas de grandes nouveautés... Un autogire Aviomania ; un monoplace Roland Aircraft ; l'électrique Pipistrel ; quelques machines relookées ou rebaptisées ; d'éternelles copies... Pas vraiment de quoi sauter de joie. En revanche, les visiteurs sont satisfaits de pouvoir rencontrer les exposants et de les entretenir quelques instants, basse fréquentation oblige. Le professionnalisme progressant, la passion s'éloigne et les visiteurs s'ennuient. Faudra-t-il en passer par une organisation biennale pour envoûter de nouveau le public ?

Je suis un éternel optimiste et j'ai passé tout mon temps à Blois à rencontrer et discuter avec des copains pilotes et des constructeurs, importateurs, vendeurs... et je n'ai pas perçu d'amertume particulière. Les pros se plaignent toujours de chiffres d'affaire insuffisants, mais c'est la rengaine habituelle. La fréquentation fut sensiblement la même que les années précédentes, surtout sur le stand fédéral qui n'a pas désempli, et ma conférence a fait le plein. Un mot pour qui ne veut pas voler en Ferrari : il y a de nombreux appareils très accessibles, mais certains ne veulent pas les voir !
De l'ULM, nous devons prendre le meilleur du conservatisme et du modernisme. Ceci afin de nous forger et pérenniser une pratique aéronautique originale, basée, quoique certains en disent ou se moquent, sur une responsabilité individuelle que je place au-dessus de tout... ce qui n'exclut pas non plus une responsabilité collective, mais dont le plus grand travers depuis la naissance du monde et durant tous les siècles est d'avoir une tendance exacerbée à écraser les individus et à combattre toute velléité d'émancipation.
Il faut donc lutter contre la forme de conservatisme qui nous mènerait à soutenir la culture de l'insouciance des premiers temps, du laisser-aller général, du je-m'en-foutisme institué en règle, du mépris de l'environnement, de l'acceptation des mécaniques et des techniques folkloriques qui ne sont plus de mise, des comportements irresponsables, irrespectueux envers les autres, dangereux aussi bien pour les passagers que les tiers au sol.
Mais il ne faut pas plus nous laisser piéger et subjuguer par les faux progrès, par l'attrait du toujours ''plus vite, plus puissant, plus confortable, plus... plus...'', synonyme, l'histoire de l'aviation nous l'enseigne, de plus lourd, plus gourmand, plus cher, plus complexe, toutes notions qui amènent tout aussi irrémédiablement vers toujours plus de contraintes, plus de réglementation et plus de contrôles.
De mon point de vue, ceux qui vous disent le contraire... ou bien vous mentent sciemment… ou bien sont réellement et naïvement inconscients des dangers qui nous guettent et que nous devons éviter.
Nos anciens nous ont transmis un bien formidablement précieux dont nous devons prendre un soin extrême. En aucun cas nous ne devons, par calcul égoïste, par mode éphémère, par oubli des leçons de l'histoire, par magouilles commerciales, remettre en question ce trésor sans avoir analysé toutes les conséquences fâcheuses à moyen et long terme d'une évolution des règles actuelles, pour le seul intérêt de quelques-uns... au détriment de ceux qui font l'effort (concepteurs, ingénieurs, mécaniciens, vendeurs, instructeurs, pilotes et propriétaires, responsables d'associations, professionnels et bénévoles) de faire en sorte, avec succès, de rester dans les limites de ce qui nous est octroyé et qui incidemment nous permettent de jouir d'une réglementation plus que supportable, au sein d'un système ''déclaratif'' qui pose le principe de la ''confiance a priori''. Dominique Méreuze (extrait de l'édito de ULM Info 89)

Comme chaque année, l'organisateur du Salon de Blois nous livre les chiffres clés de l'événement. Ainsi en 2014, 4 250 visiteurs ''terrestres'' se sont ajoutés aux 800 visiteurs venus par la voie des airs, soit un total de 5 050 personnes. Du côté des aéronefs, on dénombre 409 ULM, 150 avions et 70 paramoteurs. Les exposants étaient au nombre de 115, impliquant 500 professionnels, dont 143 pilotes démonstrateurs. Les ULM présentés étaient au nombre de 190. Des chiffres légèrement à la baisse par rapport à l'année 2013, mais pas de quoi montrer un réel déclin d'intérêt, même si on reste bien loin des taux de fréquentation de la décennie passée. Comme chaque année, les bénévoles ont réalisé un travail formidable. On les en remercie.