Après un hiver de préparation, la Demoichelle électrique de l'Association pour la Promotion des Echelles Volantes a volé pour la première fois le 11 avril 2010 sur la plate forme ULM de Voves-Viabon. Le vol a été entrepris au petit matin malgré un vent d'une vingtaine de km/h. Le pilote, Charles Donnefort, a pu réaliser un vol d'une quinzaine de minutes dans le silence le plus complet.
Motorisée par un moteur électrique AGNI de 12 kW (18 cv) alimenté par deux packs de batteries Lithium Polymère de 5 kWh, l'appareil dispose d'une autonomie totale de près d'une demi heure. Conçue par Daniel Dalby, la Demoichelle est un ULM multiaxe monoplace. Son premier vol en version thermique a eu lieu en 2009. La Demoichelle est une version modernisée de la fameuse "Demoiselle" de Alberto Santos Dumont, qui volait il y a un siècle en France. Construite en aluminium, la Demoichelle est équipée notamment d'un système d'ailes à incidence différentielle pour commander le roulis. Pour passer à l'électrique, il a fallu porter l'envergure de l'appareil à 9m30. L'APEV poursuit donc les travaux entrepris dans le domaine des motorisation électrique pour l'amateur. L'association avait déjà fait voler en 2009 une version électrique du Pouchel, qui avait présenté de bonnes qualités de vol et surtout un niveau sonore record de 42 dB. Les essais en vol de la Demoichelec vont continuer en attendant une présentation au Salon de l'Aviation Verte du Bourget du 18 au 20 juin prochain, ainsi qu'au salon ULM de Blois où la Demoichelle avait déjà remporté un franc succès en 2009.
La Demoichelec reprend les lignes... et le concept de la Demoiselle de Santos Dumont. Mais contrairement à son aïeule, elle est construite en aluminium et s'élève grâce à un moteur électrique.
L'envol
Samedi, c'est le jour choisi pour tester la Demoichelec. Le vent est assez fort (15-20 km/h) mais il était constant et dans l'axe de la piste de Viabon. En attendant que la machine soit prête, je décolle avec mon Pouchel II pour m'amuser un peu et évaluer la masse d'air qui n'est finalement pas turbulente. Pendant ce temps, Jean, Daniel et Patrick remroquent la Demoichelec au seuil de piste 36 de Viabon, à 1 km du hangar !. Je pose mon Pouchel et je m'installe dans la Demoichelec. Branchement des instruments, contact, et plein "gaz". La Demoichelec accélère gentiment, (il faut dire que je n'ai pas suffisamment poussé en avant pour soulager la roulette arrière), finalement, je tire doucement et elle décolle toute seule pour un petit saut de puce. Je me présente une fois à l'arrondi, pas de soucis, puis je pose l'appareil. Quel plaisir de retrouver les sensations du vol électrique, pas de bruit, réactivité du moteur, un pilotage plus fin... Ce premier bond en l'air exécuté, la Demoichelec est ramenée au hangar pour débriefing et vérifications. Le soir, champagne pour fêter l'envol, barbecue, nous parlons aviation, le bonheur ! Dimanche matin, 7 h. Le vent est encore relativement calme à 20 km/h. Nous sortons Pouchel et Demoichelec. Comme la veille, je pars en ''reconnaissance'' avec le Pouchel pendant que le reste de l'équipe APEV remorque la Demoichelec au seuil 36. Il fait 5°C et je me gèle un peu. Je m'installe comme hier dans la Demoichelec. Contact ; plein gaz ; manche avant... La roulette arrière se soulève instantanément, et je décolle sous les objectifs de Xavier, Jean et Lionel ! La montée n'est pas fulgurante en raison de la faible puissance, mais ça monte !
L'art... et la manière
Première constatation, il est plus agréable d'être en multiaxe qu'en Pou pour le vol électrique. La faible vitesse autorise beaucoup plus de corrections avec les ailes à incidence variable de la Demoichelle. Même avec 1 m d'envergure en plus (9m30 !), la Demoichelec est très réactive. Je fais un premier passage à une cinquantaine de mètres et je me présente en finale. Lentement mais sûrement j'arrive au dessus de la piste et atterris sans problèmes. Plein potentiomètre, le moteur hurle de ses 45 dB et c'est reparti pour un tour. Cette fois, je fais deux passages verticale pour les photos. La Demoichelec se comporte très bien malgré le vent. La dérive est impressionnante, mais avec de la patience elle finit par faire ce qu'on lui demande. En tout cas le silence et la facilité de pilotage de cet aéroplane donnent une sensation de sécurité agréable, qui est en plus doublée de la sérénité naturelle du moteur électrique ! Mais les bonnes choses ont toujours une fin, et après une grosse dizaine de minutes en l'air je présente la Demoichelec à l'atterrissage. L'air est légèrement agité en courte finale mais même à faible vitesse mes corrections sont très efficaces avec l'aile vivante (on le voit très bien sur la vidéo de Jean). Concentration pour l'atterrissage filmé ; un rebond de 5cm, ça ira. Ainsi un nouvel aéronef électrique a volé et les membres présents de l'APEV ont passé un très bon week-end.