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Premier vol solo de E. Cornieux
juin 2010 - par Emmanuel Cornieux - ULM of Blueberry à Dun-sur-Auron
Le moment de se lancer
Le premier vol en solo est pour beaucoup de pilotes une expérience inoubliable. En ULM, la sensation de légèreté se fait nouvelle et les références aérodynamiques changent. Et puis surtout, l'ange salvateur n'est plus à bord, mais au bord de la piste ; sa protection est nettement moins palpable...
Merci à Emmanuel Cornieux (ULM of Blueberry) pour son récit
A l'heure où le temps et deux ou trois autres trucs indispensables à la pratique de l'ULM me font cruellement défaut, je me replonge un instant dans les pages de mon carnet de vol, dans lequel mes moindres escapades aériennes ont été consignées et décrites. Loin de moi l'idée de me nostalgiser le bourrichon. Mais ces quelques lignes annotées, enchevêtrement de lettres et de chiffres accumulés depuis mes premiers battements d'ailes - à l'époque sur avion Robin DR400 à Cosne-sur-Loire - me renvoient toutes à des souvenirs forts, riches en émotions de toutes sortes. Au détour de la page ''année 2006'', je tombe sur la ligne de vol du 11 juin avec, en gros caractères ''LACHE''.
Je suis mûr, mais je ne le sais pas
D'un coup, une évidence s'impose à moi : en matière de souvenirs forts susmentionnés, d'instants bouleversants, celui-là remporte la palme haut la main. On s'imagine difficilement, si on n'a jamais tenu les rennes d'un engin volant, la claque virtuelle que peut représenter le premier vol seul à bord, moment unique et totalement non renouvelable, mais également ce qui le précède, quand on vous dit l'air de rien ''allez, vas-y maintenant, c'est à toi, tout seul''. Ah bon ? Comme ça, là, tout de suite ? Genre ''do it yourself'', alors ? Bon, c'était pas aussi rapide, mais presque. Reportons-nous ce fameux jour. Dimanche matin, temps radieux, mais manque de bol, une invitation à déjeuner assez loin ne va pas me laisser le temps d'un aller-retour à Dun, fait ch... ! Tant pis, on sera à la bourre mais le bleu du ciel me promet trop de magie pour ne pas aller le brasser un peu. J'arrive au terrain. L'instructeur du club est déjà en l'air avec un élève (j'en suis alors un aussi). Juste un peu de patience, dans quelques minutes ce sera mon tour d'aller là-haut perfectionner mon pilotage sous la houlette bienveillante de Thierry, dont la principale activité en place passager consiste ces derniers temps à regarder dehors par la verrière, les bras croisés en tentant de me faire croire qu'il ne surveille pas ce que je fais. Limite s'il ne se met pas à siffloter.
Serait-ce mon tour ?
Pour l'instant je décide d'aller saluer les quelques personnes présentes au club-house et partager un café avec eux. Là, j'apprends que l'élève en vol c'est Antoine, et que son lâché est prévu ce matin, après son vol d'instruction. Je m'imagine à sa place. On plaisante un peu sur le tortillage de tripes qui doit le chatouiller en ce moment parce que, quand-même, ça doit être un drôle de truc ce fameux lâché, vu les envolées lyriques que le sujet provoque immanquablement à chaque rassemblement de pilotes, avides de transmettre aux p'tits nouveaux chaque parcelle d'émotion que chacun a pu vivre. Et là je crois entendre ''Ouais, ben rigole pas trop, ça pourrait bien t'arriver plus vite que prévu !'' Hein ? Quoi ? Comment ? You talking to me ? Pas le temps d'en savoir d'avantage. Le X-Air s'est posé et arrêté en bout de piste, moulin toujours en route. Thierry s'en extirpe, fait un petit signe amical à l'élève qui, après s'être repositionné en seuil de piste, redécolle, seul, évidemment ! Lorsque 15 minutes plus tard Antoine ramène la machine au parking, c'est avec un large sourire qu'il en sort, alors que quelques-uns (dont moi) viennent à sa rencontre pour les premières impressions. Je n'ai pas le temps de l'interview. Thierry m'invite à refaire le plein de pétrole en vue d'un départ illico pour mon vol d'instruction. Bon, je discuterai avec Antoine au retour, j'aimerai bien savoir quand-même, ce que ça fait, à chaud ! Allez, on y va : plein fait, check-list épluchée, manette au tableau, on décolle, c'est parti pour le fun ! Confiance totale avec Thierry à mes côtés. Mes évolutions me paraissent précises et souples. L'engin répond docilement à mes sollicitations ; faut dire aussi qu'à ce stade de ma formation c'est pas ce que je fais subir à la machine qui va nous filer le voile noir ou dessouder la structure. Un peu de vol en local (en ''bocal'' disent les impatients), deux prises de terrain... puis Thierry me demande d'immobiliser le X-Air en bout de piste sans couper le moteur ?!? Heu, c'est quoi l'embrouille ? - Je descends et tu continues tout seul comme un grand, ça te va ? - Heufff, mouais ? - Tu fais exactement comme on vient de faire, ce sera juste un poil plus léger. - .....Ah..... - C'est OK, ça va aller ? - Ben ouais, tu penses, no problemo, ha ha ha, trop facile !
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