Je raconte le rassemblement de Villefranche de Rouergue 2012, pour les pov' malheureux, qui ont été forcés de ne pas voler hier, suites à des causes toutes plus calamiteuses les unes que les autres... Je sais depuis plusieurs jours que la météo sera clémente dans mon secteur. Il ne faut pas toujours croire Météo-France dont les prévisions parfois alarmistes désorganisent les pilotes prudents. Quoique parfois elle dise vrai et qu'il vaut mieux un excès de prudence que le contraire. En tout cas, c'est d'un coeur léger que je m'envole sur les coups de 8 heures à bord de mon Super Guépard 100 ch blanc et noir, celui-là même qui a propulsé José Vande Veken sur les plus hautes marches lors des compétitions ULM. Je passe par Banon, l'altisurface tenue par l'ami Pierre Bremond, lequel s'affaire sur sa terrasse. Un p'tit coucou et zou : j'enroule du câble sur Carpentras et le point NE. A partir de là et si je veux tailler en ligne droite (Avignon, Orange...), il faut trafiquer avec le transpondeur (que par ailleurs la réglementation oblige à allumer dès le décollage et jusqu'à l'atterro), dès lors qu'on en possède un. Je possède l'objet, donc je procède comme c'est dit dans le texte. C'est toutefois l'occasion de tailler une bavette avec le préposé de Provence-Info, lequel s'exprime avec élégance. En me marrant, je l'imagine comme ces anciens agents de police, réglant la circulation avec leur bâton blanc au milieu des bagnoles klaxonnantes.

Des avions partout, un trafic d'heure de pointe. Ils vont tous à Cannes Air Show. Le contrôleur n'est même pas étonné d'en voir un, paumé, qui va dans l'autre sens. Une demi-heure plus tard j'arrive dans les Cévennes. Vu les conditions de vol -meilleures tu meurs- je décide courageusement de changer de route. Ben oui ; les Cévennes, c'est 40 km de montagne et de forêt impénétrable. La jungle. Entre 15 et 30 minutes, selon comment on s'y prend. C'est oppressant, je n'aime pas. Alors généralement je contourne, ce qui me donne l'occasion de revoir le viaduc de Millau, élégante nef dans son écrin de verdure. Je change donc de cap et passe par la Grand'Combes (LFTN). Et puis finalement je décide de m'y poser pour satisfaire une petite urgence. Pas un chat... Je repars donc. Comme j'ai rendez-vous ce soir à Bozouls, près de Rodez, afin de voir un Weedhopper que mon pote Pierre a envie d'acheter (oui, y'en a encore qui rêvent de Weed...), je décide d'y passer tout de suite, en repérage. La journée est vraiment à voler. J'en profite pour remonter les gorges sur Tarn sur une dizaine de kilomètres ; histoire de faire le plein de belles images, que je regarderai lors des longues soirées d'hiver.