logo ULMaG www.ulmtechnologie-shop.com
Edito décembre 2021
172 articles .......... anciens éditos


vignette
Histoire d'un voyage ordinaire extra

Il y a des périodes de l'année peu propices aux voyages en ULM. Par exemple en fin d'automne, avec les prémices hivernales.

S'envoler pour de courtes balades ou des tours de piste, c'est sans problème ; mais traverser la France... on y réfléchit à deux fois.

Sauf que... Vous connaissez la rengaine : sauf que... oui, mais...

Donc en cet automne compliqué par des vagues successives de dépressions, de nébulosité et de coups de vent, j'ai ''besoin'' de traverser la France d'Ouest en Est pour découvrir un petit ULM qui me tente bougrement. Une belle occase selon moi ; enfin un engin qui correspond à mes critères et dans lequel je me projette avec force.

''Besoin''... entendez ''furieusement envie'', à la manière d'un mioche capricieux qui trépigne devant la pub d'un jouet incontournable... ou parfaitement inutile.

On est en plein dans la seconde acception, ou la première, ou les deux.

Donc ce besoin impérieux et urgent me pousse à imaginer les diverses solutions pour me rendre dans le Haut-Doubs, le long de la frontière Suisse. Bref en un lieu seulement connu des doubiens et de quelques facétieux douaniers helvètes.

Ma première idée est de prendre le train. Je consulte la senecefe qui m'informe d'un temps de trajet d'une journée, assorti de changements multiples et d'une partie de rigolade en autocar.

Bof...

Seconde hypothèse, la bagnole. Cette fois le GPS est intraitable : pas moins de 8 heures de route, et de la route plutôt tartignole.

Re-bof...

Faire le voyage en ULM est certes la solution la plus logique ; rapide, avec 3 heures et demi de vol, et simple, puisque j'arrive là où se trouve l'objet de ma convoitise.

Sauf que la météo du moment ressemble à une diarrhée d'événements déprimants.

J'entrevois toutefois une fenêtre de tir, un poil risquée, mais faisable. J'en informe le vendeur qui prend ses dispositions pour honorer le rendez-vous.

Jour J : ça le fait pas. Les prévisions étaient foireuses et le ciel m'accable d'orages qui n'existent théoriquement pas en cette saison.

Vendeur averti ; je repousse à plus tard... à jamais peut-être.

Quand même, la semaine suivante, un créneau possible apparaît. Rendez-vous est pris.

Arrive le moment de faire la nav'. La route est simple, mais s'encombre de reliefs non propices aux incidents mécaniques et d'un passage redouté dans le Sud du Morvan, l'usine à brouillard du bon dieu.

Et plus je trace mes traits, plus je m'ennuie. Et plus la carte se couvre de vecteurs optionnels, plus je m'aperçois que les tronçons sont inappropriés à un vol serein en ULM. Car tout est tangent dans mon log'. Si ça merde ici, par où vais-je me dérouter ? En passant par là, je m'éloigne de vaches pratiques. Oui, mais le tracé ''safe'' est tortueux. Oui, mais il m'autorise des échappatoires dans toutes les directions...

Et soudain, une lumière jaillit dans mon bulbe torturé : et si j'allais rendre visite à mon pote Dédé, dont la piste est distante d'une quinzaine de kilomètres ? Et si partant de chez Dédé, j'allais boire un café avec Paulo, brésilien planteur et proprio d'une bande gazonnée de 250 mètres. Et si partant de là je passais par chez...

Et si je ne me posais nulle part et poussais à chaque étape jusqu'à l'étape suivante ?

La voilà l'idée géniale ! Je ne vais pas réaliser une navigation de 550 km comme mon ULM l'autorise largement avec ses 60 litres de jus et sa vitesse de croisière confortable, mais enchaîner une succession de petits vols ''locaux'' en comptant sur une finesse sous-évaluée pour lisser le méga-zig-zag à accomplir.

Du coup, je ne prépare plus rien, mais mémorise toutes les options offertes dans une bande large de 20 km. Comme chacun le sait, en France on survole une piste ULM acceptable toutes les 5 minutes ; il est donc inenvisageable que je tombe en rade météo ou mécanique sans endroit où me poser.

Et c'est ainsi que j'entame mon premier ''local'' de 15 km, auquel succède un second de 20 km, poussant à 40, 80, puis 100 km, puis 200, 300 et 400 km... Pour finalement arriver à destination après 3 heures et 45 minutes de vol, contre 3 heures 30 minutes estimés sur un tracé rectiligne.

Je n'affirmerai pas que les conditions sont toujours CAVOK ; je perturbe parfois la nébulosité et dérange épisodiquement quelques bigleuses tunnelières. Une fois ou deux je jardine entre des monts pour projeter la meilleure trajectoire de sortie, mais...

... un quart d'heure de perdu... la belle affaire ! Souvenez-vous votre premier cours de pilotage : l'avion est un véhicule rapide pour des personnes peu pressées...

J'avais prévu un duvet -8°C et quelques effets en cas de problème. Ce serait bien le diable qu'un proprio de piste ULM ne m'autorise pas à dormir dans son hangar. Mon zinzin pourrait même y dormir aussi.

Reste le problème des autorisations préalables aux arrivées en vol. Va-t-on me chasser parce que j'ai atterri sans avertir ? Je ne pense pas. En tout cas moi, je ne le ferais pas. Au contraire. Une triple buse qui se fait coincer MTO au dessus de ma prairie recevra le gîte et le couvert le temps de pouvoir repartir. Sinon, on arrête toute vie en société et on sort les calibres.

Ma seule condition initiale, mon postulat de base est de n'être pas pressé. J'arriverai quand j'arriverai et préviendrai le vendeur si je ne peux arriver. Si j'échoue, si je perds une ou deux journées, la planète continuera de tourner. Seules ma chienne -et accessoirement ma conjointe- seront privées de ma présence... ou se réjouiront d'un moment de tranquillité.

Pour les curieux, j'ai essayé l'ULM monoplace qui m'avait conduit jusque dans le Doubs et ne l'ai pas acheté. Il était super, très bien construit, idéalement équipé... mais ne correspondait pas mes attentes.

Après une nuit de sommeil dans le dortoir de l'aéroclub de Fournet-Blancheroche (un endroit génial qui mérite la visite, avec une population agréable, accueillante et très beaucoup majoritairement suisse), sonne l'heure du retour.

La météo du jour (ciel clair, température en baisse) m'offre deux options : jardinage comme la veille ou vecteur en mode commercial. Y'a bien une couche intermédiaire, mais fragmentée et peu occultante.

Partant de 3000 ft, je suis bien tenté de faire une ''DTH'' (direct to home) en niveau de vol. Mais...

Mais la température s'est refroidie par rapport à la veille. Voler haut me ferait voler froid, car déjà il fait froid en bas, très froid, avec des zones enneigées. A tort ou à raison, je pense que voler haut est propice à un risque de givrage augmenté, vu l'humidité, la température de l'air et celle du point de rosée. Je n'arrive pas à décorréler l'altitude de ce risque, pour l'avoir expérimenté plusieurs fois.

Ceci concourt à me faire opter pour une autre solution : voler pas trop haut, un poil sous la couche, mais pas trop bas pour bénéficier du vent qui me fera gagner du temps et du carburant. Du coup, je choisis mon heure de départ de manière à ne pas prendre le soleil en pleine poire, mais également à bénéficier du flux porteur.

Donc, moins de zig-zag, mais toujours un regard sur les pistes de repli éventuelles.

Bien entendu, le Sud Morvan se pare d'une jolie nappe de brume qui m'oblige à un contournement austral. C'est habituel et ceux qui volent dans le coin connaissent la blague. On y a décroché un ulmiste expert en accrobranche quelques années plus tôt, et d'autres malheureux ne raconteront jamais leur dernier vol morvandeau.

Puis retour sans plus d'incident que la veille.

J'ai réalisé une balade ordinaire extra. Onze cent kilomètres composés d'une multitude de petits vols, à peine plus étendus que des tours de piste. En toute décontraction, car sans impératif, sans crainte de rester bloqué.

Je m'étais conditionné mentalement à accepter des retards, de l'inconfort, afin de ''tenter'' de mener à bien la ''mission'' que j'avais programmée. J'avais accepté d'avance l'idée d'abandonner si la météo devenait compliquée ou dangereuse.

Et j'aurais certainement rebroussé chemin si j'avais appréhendé ce voyage comme un unique segment. Ce qui m'a fait poursuivre, c'est justement l'idée que chaque kilomètre parcouru me rapprochait d'un aérodrome tout proche où je serais en sécurité.

Un peu comme un marcheur qui totalise ses foulées... Une par une il se rapproche des cinquante mille que compte un marathon. Mais le marcheur sait qu'il peut à tout moment s'arrêter pour se reposer, pour éviter la blessure.

Notre discipline se distingue des autres en ce sens que l'arrêt est conditionné à une procédure complexe imposant une infrastructure adéquate. Alors se préparer à chaque instant à interrompre le vol est selon moi une façon habile de voler loin -en sécurité- quand les conditions sont susceptibles de changer.

Ce voyage ordinaire extra m'a peut-être plus appris que quantité d'audacieuses traversées de France réalisées autrefois.

Comme dit Gilou, philosophe-diéséliste et psycho-chaudronnier : Un long chemin inquiète parce qu'on n'en voit pas le bout ; alors que chacun de ses segments rassure parce qu'on connaît sa fin en découvrant son début. (mais il dit aussi beaucoup de conneries).

Bons vols, beaux vols,

Miguel Horville


Une météo compliquée n'incite pas à voyager, mais autorise de brèves escapades... qui mises bout à bout forment un joli voyage.


ANCIENS EDITOS
Le client est-il roi ?
janvier 2024
Remise de gaz : y penser à deux fois !
décembre 2023
Cachez cet objet volant télépiloté que je ne saurais voir
octobre 2023
Blois 2023 : l'audace et la persévérance
septembre 2023
Et s'il y avait moyen de ne pas disparaître ?
juillet 2023
Un constructeur qui se fout bien du monde
juin 2023
Quand sonne l'heure
avril 2023
Situations conflictuelles
mars 2023
Le coup du marteau sur la tong
février 2023
Mon curé chez les ulmistes
janvier 2023
Les complices
décembre 2022
Quand les clubs nous font voler
octobre 2022
Fin de cycle sur tapis rouge
septembre 2022
Quand l'intégrisme vert vire au kaki
août 2022
Les règles et ce qu'on en fait
juillet 2022
Grand pouvoir et irresponsabilité
juin 2022
Un martien, sinon rien...
avril 2022
Et si on taxait l'indécence ?
mars 2022
Une lente descente vers le désenchantement
février 2022
Un ''sentiment'' d'augmentation...
janvier 2022
Histoire d'un voyage ordinaire extra
décembre 2021
MANEX pour OBL en OPS ULM
octobre 2021
MULM de la FFPLUM : une réussite !
septembre 2021
Du bal des timbrés aux joyeux suicidés
août 2021
Une idée féministe... l'ULM inclusif tendance woke sauce Fayence
juillet 2021
Une balle dans le pied... Une autre dans la tête !
juin 2021
Monopole, le chemin de la régression
mai 2021
La pilule de la veille
avril 2021
L'argent des autres
mars 2021
Comparaison n'est pas raison
février 2021
Fédérer, uniformiser... désunir
janvier 2021
De quoi j'me mêle ?
décembre 2020
Le diable se cache dans les petits caractères
novembre 2020
La cocorilose* en inaction
octobre 2020
J'ai perdu mon ombre... et bientôt ma liberté
septembre 2020
Punir les pilotes ; une idée citoyenne !
août 2020
Et Dieu créa la différence
juillet 2020
Bonne fête, mère Mozette
juin 2020
Vivre riche, sans modération
mai 2020
Histoire d'un rêve qui se termine
avril 2020
Le virus qui rend tout fou
mars 2020
Ceux dont la vie vaut plus
février 2020
Les bonnes résolutions
janvier 2020
Les pendul' à l'heure
décembre 2019
Pour qui roule la fédé' ?
novembre 2019
Qualif' radio : le début du renoncement
octobre 2019
Cherche ULM désespérément
septembre 2019
De qui se moque-t-on ?
août 2019
Les spécialistes
juillet 2019
Le respect des hôtes, des autres
juin 2019
Métastases cherchent naïfs pour proliférer
mai 2019
Les nouveaux ULM...
avril 2019
Vend liberté : mise à un prix 300 000 euros !
mars 2019
Remplir les cases
février 2019
Générations éphémères
janvier 2019
Est-il urgent d'attendre ?
décembre 2018
Aérodrome avec supplément d'âme
novembre 2018
Promotions à débattre
octobre 2018
Victimes or not victimes ?
septembre 2018
La foire aux accessoires
août 2018
Esprit ULM... es-tu là ?
juillet 2018
Entre peu et pas, un état d'esprit
juin 2018
Espace Schengen, my ass...
mai 2018
Entêtement irresponsable
avril 2018
Du carburant frais pour voler ''safe''
mars 2018
Universalité ; diversité ; francophonie...
février 2018
ULM : aéronef sémantiquement indésirable
janvier 2018
Ce contexte qui brise le rêve ?
décembre 2017
Parler patois pas parler à toi ?
novembre 2017
From rustic to high-tech
octobre 2017
S'élever, se régaler, se déplacer...
septembre 2017
De l'impuissance à l'imposture
août 2017
Baliser entre les cônes
juillet 2017
ULM : le bal des hypocrites
juin 2017
Les marquis du narquois vous em... brassent
mai 2017
500 kg : et après ?
avril 2017
Il est si facile d'interdire
mars 2017
A quand les ZIP ?
février 2017
Spécialistes en herbe
janvier 2017
Légèreté
décembre 2016
Comprenez si vous pouvez
novembre 2016
Le ciel a bon dos
octobre 2016
Salon de Blois : les limites
septembre 2016
Les euro-cocus du 8.33
août 2016
Concepteurs amateurs
juillet 2016
Ce chien... un humain comme les autres
juin 2016
Fumisterie électrique
mai 2016
De l'économie au foutage de gueule
avril 2016
Ça va chier !
mars 2016
Presbyte cherche gros caractères
février 2016
Et après?
janvier 2016
Le prix du baril d'a-brut-i...
décembre 2015
Vol de nuit : le bal des hiboux
novembre 2015
Et si la sophistication tuait ?
octobre 2015
Victimes consentantes
septembre 2015
Le sentir... ou pas
août 2015
La saison des gamelles
juillet 2015
Qui osera ?
juin 2015
Un système qui nous échappe
mai 2015
Multicopters : vers une 7e classe ULM ?
avril 2015
Le cinquième élément : celui de trop
mars 2015
Vigipirate : entre psychose et laisser-aller
février 2015
Dans le brouillard de la schizophrénie
janvier 2015
Une furieuse envie de voler !
décembre 2014
Marques sulfureuses... attention patates chaudes !
novembre 2014
Ceux dont la vie vaut moins...
octobre 2014
Drones : la messe est dite
septembre 2014
Attention aux bagages
août 2014
Dieu ne connaît pas ma soeur !
juillet 2014
L'ultime décision ; question de choix
juin 2014
Le beurre, l'argent du beurre et le reste on s'en fout
mai 2014
Volez! : la fin d'une histoire
avril 2014
Nous irons tous au paradigme*
mars 2014
Histoire belge
février 2014
Transfert d'incompétence : le Noël des voyous
janvier 2014
Drones à toutes les sauces
décembre 2013
Sophistication simplifiée
novembre 2013
Histoires de discrimination
octobre 2013
Un cône, ça se respecte ou ça se fume
septembre 2013
Dommages collatéraux
août 2013
Voler n'est pas un caprice
juillet 2013
Profiter c'est bien : mériter c'est mieux
juin 2013
Rencontres avec des martiens
avril 2013
Les pommes tombent des arbres... Les bananes s'y accrochent !
mars 2013
La méritocratie des branleurs ; comment accélérer le déclin
février 2013
Occasion : qu'est-ce qui cloche au pays des ulmistes ?
janvier 2013
Problèmes d'entoilage X-Air : lumière en vue
décembre 2012
Total Access ou l'étonnant paradoxe d'un vampire au sourire d'ange
novembre 2012
Une tablet'... à tous prix !
octobre 2012
Sainte Sarah is watching you*
septembre 2012
Intérêts... Désintérêt ? Connivence ou naïveté ?
août 2012
Conflit de probité ou incompétence... le danger guette
juillet 2012
J'ai tombé, je m'ai fait mal, je m'ai relevé... ou pas
juin 2012
En mai, fais ce qu'il te plaît...
mai 2012
Le bruit flou de l'administration
avril 2012
Rotax 912 iS : une innovation qui se mérite
mars 2012
Ne sombrons pas dans la vulgarité
février 2012
Et quoi d'autre pour 2012 ?
janvier 2012
Voler, c'est voler
décembre 2011
Les limites ont été atteintes... et dépassées !
novembre 2011
Blades...
octobre 2011
Les femmes, mères de tous les maux
septembre 2011
Le Tour ULM : une belle vitrine pour l'aéronautique
août 2011
Fausse-bonne idée cherche gogos... pour allonger l'oseille
juillet 2011
Du choix des mots et des propos
juin 2011
Basses couches en vert kaki
mai 2011
Ce facteur qui sonne toujours ... le glas
avril 2011
OUI... MAIS...
mars 2011
Des vautours planent sur nos ULM
février 2011
Restons éveillés
janvier 2011
Faisons un rêve
décembre 2010
Attention à la tâche d'huile...
novembre 2010
Mon royaume pour un bidon
octobre 2010
Genèse d'une Loi liberticide
septembre 2010
Aime le ciel, et le ciel t'aimera... peut-être
août 2010
Voler en Belgique... ou rouler
juillet 2010
Poule, oeuf et sophistication : la classe de plus, la classe de trop ?
juin 2010
Sous couvert d'anonymat
mai 2010
Taxe carbone : carbonisée
avril 2010
L'union fait notre force, notre salut
mars 2010
Le désespoir de ceux qui restent
février 2010
Bug de l'An 2000 : une simple répétition ?
janvier 2010
Migration : coucous désorientés
décembre 2009
La Chine s'éveille ; le monde s'endort
novembre 2009
Une crise... quelle crise ?
octobre 2009
Un parachute par amour, ou par respect
septembre 2009
Quand les pilotes dérapent...
août 2009
Quand les médias dérapent !
juillet 2009
A moi le ciel électronique !
juin 2009
A la gravité s'ajoute la connerie !
mai 2009
Etrange réglementation...
avril 2009
Inauguration
mars 2009

Webmaster : Fabrice Gay & MH - Rédacteur : Miguel Horville - ULMaG ©2008-2024













page générée en 0,08 sec.