Avec sa forte charge alaire (> 45 kg/m2) et ses ailes souples, le J170 est confortable en air agité. S'ajoute à cette qualité une stabilité irréprochable sur les trois axes. Une impulsion sur le trim' électrique efficace suffit à régler l'assiette. L'implantation du poussoir est discutable (au centre de la planche de bord, obligeant à lâcher le manche). Bien que haute (mais assez fine), la dérive ne génère pas d'effet girouette marqué par vent de travers. Le pilotage est typé avion, avec une légère inertie dans les réactions et une bille paisible sans qu'il soit nécessaire de coordonner les actions. Bref le comportement typique de l'ULM de voyage, confortable et stable, pas pour autant nonchalant. Sa réactivité reste dans la moyenne des « ailes hautes », avec deux secondes et demi pour passer de -45° à +45° ou inverse. Alexandre Patte travaille à rendre les ailerons plus vifs afin de passer sous la barre des 2 s. Le contrôle des axes se fait avec précision, en douceur et sans effort.
ULM rapide, certes ; comment le J170 vole-t-il à basse vitesse ? Les ULM fins et peu surfacés sont parfois brutaux au décrochage et difficiles à maîtriser en limite basse de leur domaine de vol. C'est tout le contraire ici. Le petit australien conserve son comportement stable et sain à 90 km/h (avec un peu de moteur et une assiette accentuée à cabrer), allure à laquelle les commandes conservent leur complète efficacité. En lisse, le décrochage intervient vers 85 km/h (45 kts). Il s'agit d'un placide parachutage qu'on tient en symétrie par un infime contrôle aux palonniers. Plein volets, la vitesse chute à moins de 40 kts (à basse vitesse l'affichage du badin n'est pas précis), avec toujours pas de déclenchement significatif. En lisse, le meilleur taux de chute est d'environ 500 ft/mn à 110 km/h. Un cran de volets dope ce taux à 600 ft/mn sans changement d'allure. Tout sorti, le J170 descend à 700 ft/mn à 115 km/h. Pas encore familiarisé avec l'appareil, je me fends d'une légère glissade pour simuler un atterro sur ma piste perso' enclavée ; l'appareil chute cette fois efficacement à 1 000 ft/mn sans augmenter sa vitesse. Surtout, cela se fait en toute décontraction en conservant un parfait contrôle. Retour à Viabon pour quelques tours de piste avant que le soleil ne disparaisse. Toujours facile et précis à piloter, le J170 cavale bien sur son aire et je fais un peu de sur-vitesse. Base à 70 kts (je suis dans l'arc blanc avec un cran déployé), finale longue à 65 kts (120 km/h), courte à 55-60 (100-105 km/h) avec deux crans et j'avale un paquet de piste avant de toucher, pas plus importuné qu'au départ par le vent de travers. Remise de gaz pour mieux gérer les paramètres. J'oublie cette fois le badin dont la lecture est décidément trop approximative. Reprenant mes repères habituels, je pose cette fois dans le premier quart, toujours un rien rapide, mais mieux vaut ça que le contraire. Le freinage pas très puissant oblige à tirer fort sur le levier. Les trains roulants bien amorti font oublier les inégalités des cheminements sur lesquels je drope comme un sauvageon pour m'en retourner avant la nuit.

Exempt de toute exubérance, le J170 est le reflet de l'entreprise qui l'a conçu : sérieux et professionnel. Les performances annoncées ne sont pas délirantes comme parfois, mais au contraire cohérentes et pas réductrices. Le domaine de vol étendu et la facilité de pilotage sont en phase avec l'appartenance réglementaire du produit. Côté robustesse, sa Vne fixée à 250 km/h, sa Vno à presque 200, son train d'atterrissage sur-dimensionné ou la stratification épaisse devraient rassurer les plus méfiants. Pour tailler la route, les réservoirs de 35 litres assurent environ 4h40 de vol à 170 km/h en conservant une bonne réserve, soit 800 km d'autonomie.
Proposé en kit complet (incluant moteur et radio MicroAir) à moins de 43 000 € ttc (selon cours du dollar australien), le J170 peut être livré prêt à voler pour environ 63 000 € ttc, ou en kit avancé (restent les finitions à faire) pour 51 000 € ttc. Les ailes « série » peuvent être remplacées à la commande par des modèles optimisant les basses vitesses, sans dégradation notable des performances selon l'usine. Le modèle testé a été pesé à 283 kg (hors sellerie cuir mise là pour l'agrément visuel et les photos). Outre le travail sur la peinture qui devrait ramener un peu de marge, l'adoption d'une instrumentation électronique, ou de roues plus légères sont des pistes sur lesquelles A. Patte travaille pour permettre le montage d'accessoires souvent réclamés.
Particularité unique de Jabiru France, une garantie de trois ans sur la cellule complète la garantie de trois ans (1 an constructeur + 2 ans importateur) ou 600 heures accordée pour le moteur. Les candidats au montage devront compter 5 à 700 heures de travail. Le kit est livrable dans un délai de 3 mois (3 mois de plus pour le J170 prêt à voler). Les constructeurs amateurs sont suivis, guidés, soutenus, contrôlés et aidés par l'importateur qui se déplace régulièrement sur le lieu de montage et délivre un stage « composites ».