Faisons le point en ce début d'année nouvelle sur les dangers qui menacent ''réellement'' notre activité aéronautique ultra-légère.

La menace du ''certifié'' à la mode EASA s'est estompée pour nous et pour quelque temps encore, ce péril n'est plus aussi proche qu'il ne le fut il y a quelques mois. Il ne faut pas baisser la garde ; mais il existe quelques raisons de rester optimistes. Nous nous sommes tous ensemble bien battus pour obtenir ce résultat.

L'augmentation croissante des performances des ULM, la sophistication de leurs équipements et l'augmentation des coûts à l'achat des appareils neufs sont des arguments souvent avancés pour dénoncer les dérives et annoncer la mort programmée de la pratique de l'ULM. Je n'y crois pas un instant parce qu'il existe aujourd'hui dans les catalogues que je parcours et dans les annonces du marché de l'occasion, que je lis très attentivement, des aéronefs ultra-légers de toutes les classes à des tarifs très abordables, du paramoteur au multiaxe très performant. Être propriétaire de son ULM, pour peu que l'on soit ''raisonnable'' dans ses ambitions, reste tout à fait réaliste... et réalisable, accompagné bien entendu des sacrifices que consent tout passionné. Les choix ne dépendent alors que de nous-mêmes.

En revanche les prix des carburants me semblent pouvoir devenir un sacré frein au développement et à la pratique en sécurité de notre activité. Voler ne serait-ce qu'une heure et demie chaque week-end, eh bien, cela représente aujourd'hui un poids économique tel que le nombre de nos heures de vol risque à terme de diminuer de façon drastique ; avec en corrélation une influence directe sur notre entraînement... donc notre aisance au pilotage... donc notre sécurité. Investir pour voler trop peu risque de devenir vite insupportable ; alors que la caractéristique principale de notre discipline ultra-légère réside dans le fait que, propriétaires en majorité, nous volons sans souci de disponibilité et que nous pouvons voyager, plusieurs jours durant, sans nous préoccuper de rentabilité et de calendrier à respecter. Ce n'est pas pour rien que la moyenne nationale est actuellement de plus de 50 h 00 de vol par an et par pilote ULM. Mais malheureusement, nous n'avons aucune influence sur les prix des carburants.

La seconde grave menace est au contraire nourrie directement par nous-mêmes. En effet, certains d'entre nous, toujours un peu plus nombreux, oublient que nous évoluons dans un univers aéronautique non certifié ; et que ce régime génère à la fois des avantages et des inconvénients : moins de contraintes, des coûts moindres, plus de liberté mais aussi plus de responsabilités individuelles, moins de garanties, plus d'investissement personnel. Or nous assistons à des mises en cause devant la justice de plus en plus fréquentes, pour tout et rien, comme si nos appareils étaient certifiés... or ils ne le sont pas (ce que seront les LSA... mais à quel prix réglementaire !). Bien entendu, car mes propos ont déjà par le passé suscité de tels commentaires, je ne prends en aucune manière la défense des margoulins et voleurs de tous poils, vendeurs ou instructeurs, professionnels ou non, qui tentent d'écouler du matériel neuf ou d'occasion défectueux, qui n'honorent pas leurs contrats et nous prennent pour des pigeons. L'aéronautique certifiée connaît également son lot de tels individus. Ceux-là doivent impérativement être traînés devant les juges. En revanche c'est la systématisation des procédures et la mode de la judiciarisation à outrance qui progressent à pas de géants qui m'inquiètent ; car si cela continue à ce rythme nous n'emmènerons plus de passagers, n'organiserons plus aucun évènement, ne prendrons plus aucune responsabilité dans nos clubs, n'inventerons plus et ne construirons plus, ne vendrons plus et n'entretiendrons plus ; et du coup... ne volerons plus en ULM ! Tout est question de réflexion, de lucidité, d'intelligence et surtout de bon sens et d'équilibre. Pas de compromis avec la sécurité, certes, mais assumer également, dans le cadre ULM, la responsabilité individuelle de nos choix qui se doivent, plus que dans d'autres domaines, être critiques et réfléchis.

En résumé, ne pas vouloir le beurre et l'argent du beurre.

Il en va de notre devenir, et là nous en sommes directement responsables. Il est en notre pouvoir, pilotes et propriétaires, d'en atténuer ou d'en aggraver la menace.

Bons vols

Dominique Méreuze
Président de la FFPLUM