Que les choses soient claires et qu'elles portent un nom. Si une règle change, on dicte la nouvelle règle et on en impose l'application. Ensuite chacun est libre d'opter pour le consentement ou l'infraction.
L'ordre doit être autoritaire, presque brutal : c'est ainsi parce que c'est pas autrement et zut à ceux qui ne sont pas d'accord. L'autorité se doit d'être ainsi. A défaut, elle n'est qu'une merde molle.
Et si la populace concernée trouve l'autorité trop brutale ou injuste, elle se rend aux urnes et remplace ceux qui lui grignotent le fondement. Elle le fait, ou elle se résigne et se tait.
Ceci relève de la théorie, d'un monde cruel et normatif... bref d'un monde idéal.
Mais nous ne vivons pas dans ce monde. Chez nous, l'autorité doit justifier ses décisions, persuader, presque les négocier, voire s'en excuser.
Ainsi, au lieu d'annoncer froidement que la VHF aéro' passera sous régime 8,33 à telle date (à chacun de se démerder pour obéir ou pas), l'autorité négocie-t-elle à petits pas petits bras, se justifiant par de grosses conneries mensongères (voir édito d'août 2016), valsant d'une décision à son contraire (y'aura des thunes... y'aura plus de thunes... y'aura à nouveau des thunes...), lésant les obéissants, inféodant les autres, divisant tout le monde...
A en devenir inaudible.
La faute à qui ? Ben... à l'Europe, c'te bonne blague.
Car gentil ministère de l'environnement et du mazout** très embêté quand village bruxellois lui claquer porte dans gueule ahurie. Lui dire grand désarroi à CNFAS qui relate que... bah zut et snif ! (voir édito d'août 2017)
Puis une fée magique intervient, redonne le sourire aux dépités et propulse le ministère du polluGIEC** au rang de sauveur des oisillons sinistrés.
L'astuce est uniquement dialectique. Mais vous allez comprendre comment une ruse sémantique fait passer celui qui l'emploie pour la dernière des cruches... à mes yeux, bien sûr.
Au départ on réclame une subvention pour remplacer le matos obsolète.
- Allez tous vous faire cuire une crêpe, répond l'Europe qui s'y entend en cuisine bretonne.
- Oui mais la France est le berceau de l'humanité volante ; elle a de nombreux clubs qui vont mal vivre l'effort financier...
- Qu'ils comptent leurs doigts de pieds, ça les occupera, répond l'Europe experte en podologie.
- En fait, il ne s'agit pas de subvention, mais de dédommagement, puisque la nouvelle règle imposée ne leur profite pas...
Et c'est ainsi que par un simple remplacement sémantique (dédommagement vs subvention), on obtient gain de cause.
Car en effet, la subvention n'est pas due, pas plus que le soutien, alors que le dédommagement se plaide, se gagne et peut coûter chaud au débiteur.
Et qui dit dédommagement, entend réparation ou compensation d'un dommage. Et qui dit dommage entend victime.
Mais alors... Qu'ont gagné les victimes ?
Vingt pour cent (on précise ''maximum'' et ''sous conditions'') du dommage.
Youpi !!! La vie est belle !
Alors comme ça, si un mec vient me victimiser (cramant mon ULM, par exemple), il me paye 20% des dégâts et s'en va en sifflotant !
Je confirme, la vie n'est pas belle... pas du tout !
Dès lors qu'on reconnaît un dommage, on répare ledit dommage dans son intégralité. Si on ne veut pas réparer, on n'entame pas de processus à la con comme le pourparler ou la médiation. On impose de façon autoritaire et brutale, de manière qu'en face tout le monde close sa mouille.
Les usagers toussent bien un peu, mais finissent par se résigner, conscients qu'un mec qui vole pendant que d'autres crèvent de faim, n'a pas lieu de pleurer ses eurohertz.
Alors, magnanime (et un peu acculé), le village belge jette une poignée d'écus aux vilains, permettant à l'angélique tenancière du ministère des bateaux qui puent** d'annoncer tout sourire qu'elle aime tant tellement si fort les avions qu'elle a bravé toute les instances youropihaines pour obtenir les millions d'euros qui sècheront nos larmes.
Bien joué... Comme quoi la légende des blondes étourdies est surfaite ; certaines gardent le sens des irréalités qui les arrangent.
Bien joué, mais...
Si l'Europe (c'est- à dire nous), crache 8 mégayouros alors qu'elle avait décidé initialement que dalle nib nada oualou, c'est bien qu'elle y a été contrainte. Or s'il y a contrainte, c'est qu'il y a levier. Or quel peut être le levier, autre qu'un dédommagement de ''victimes''. Donc si victimes il y a, 100% de dédommagement semble une base correcte d'indemnisation. Encore qu'un bonus pour le dérangement ne serait pas superflu. En l'état, 20% ne représentent qu'un gentil foutage de gueule.
Personnellement, je préfèrerais que l'autorité reste sur une position cohérente, autoritaire et cruelle, envoyant chier toute entité demandeuse de pépettes. Parce qu'il est profondément abject d'oser quémander de l'oseille quand on a les moyens de voler, et parce que ce faisant l'Europe participe à l'arrosage des lobbies, ce qu'on ne cesse de lui reprocher. Ses missions ont théoriquement plus de hauteur, de panache, avec une vision plus globale.
Et comme si cette mascarade ne suffisait pas à nous faire gerber, le conseil désespéré des fédérations aéro' se répand en courbettes obséquieuses, devant tant de mansuétude et de générosité.
Ainsi son courrier explique que l'aviation de loisir est une victime collatérale de la norme 8,33 seulement utile aux espaces aériens supérieurs ; il requiert 3 fois le mot ''subvention'', 1 fois le mot ''aide'', seulement 1 fois le mot ''compensation'' et jamais le mot réparation. Pas de vagues...
Le courrier de la DGAC est plus habile : l'accent n'est pas mis sur le dommage, mais sur la ''conversion technologique''. On compte ainsi 2 fois le mot ''soutien financier'', 2 fois le mot ''aide'', 1 fois le mot ''subvention''. Bien sûr pas de compensation, ni de réparation ; on laisse flotter un parfum de cadeau.
You know ouate (vous savez ouate) ? Quitte à passer pour un chicanier, je trouve tout ceci indigne : le comportement du CNFAS qui expose son impuissance, puis qui fait cas d'un succès usurpé ; le ministère des golfettes** inféodé à Bruxelles ; le fantôme du secrétariat DGAC ; les voltefaces, les mensonges...
Comme dit Gilou, philosophe-diéséliste et psycho-chaudronnier : satisfaire le peuple est très simple : on lui dit tout ce qu'on peut lui prendre, et on ne lui prend que la moitié.
lire le courrier du CNFAS
lire le courrier de la DGAC
Bons vols, avec légèreté.
Miguel Horville
**
Pour ceux qui n'ont pas compris de quel ministère il s'agit, c'est normal... Son intitulé change tous les quatre matins, plus ridicule et long à chaque tendance politique. Des forêts entières se suicident sur l'autel de la pâte à papier, persuadées que leur seul avenir réside dans d'éphémères feuilles à entête (quoique à choisir, PQ serait une fin plus digne).