Il eut été très simple d'annoncer la mort de quatre personnes, dont le PDG de...

Mais non, certains ont une vie qui vaut plus !
Et d'autres dont la vie vaut moins...

Dépêche AFP, événement national, journaux télévisés en alerte rouge, presse submergée, unes endeuillées... LE PDG de Total est mort ! Christophe de Margerie, le sympathique moustachu rieur n'est plus... Le patron du géant pétrolier francocorico a brûlé dans son maudit gazole, sur l'aéroport Vnokounov de Moscou.

Eloges larmoyants de ses adorateurs socialistes, Ayrault, Valls et Hollande, vibrant à l'unisson en d'humides vocalises de flots d'ultra sincères regrets... Précisant leur attachement immodéré à cet homme qu'ils ont, auparavant, vilipendé pour son appartenance à la caste des riches industriels, des ennemis financiers, des pollueurs carbonés. Mais ceci n'est que le paradoxe mémoriel caractéristique des schizophrènes, des hypocrites et des sots.

Que Sarkozy ou Parisot racontent leur émotion semble crédible : coucher crée des liens... Mais là ! Ne force-t-on pas un peu la démesure d'une ridicule bien-pensence... A moins qu'on veuille montrer à l'aréopage des charognards en attente de dividendes qu'on sera tout aussi inféodés au successeur. Ce qui se passe dans certaines tronches étant tant tant tant abjecte, il est tentant d'imaginer.

De l'émotion suintante, y'en a partout. Les animateurs de JT serviles mouillent discrètement la culotte en bavant sur l'Homme de l'Histoire. Oubliant le bon vieux temps où ils inondaient leur assise en pointant la responsabilité d'explosions toulousaines, de marées noires bretonnes ou de conflits africains sur le pétrolier français, et à travers, sur l'homme qu'on doit haïr pour ce qu'il représente et parce qu'il est ce qu'on en a fait : une hydre au carbone qui carbure en pétro-dollars.

Une émotion que je ne partage pas. D'abord parce que je n'avais aucune affinité avec le bonhomme ; que je n'affectionne pas particulièrement son humour (lequel ne m'est d'ailleurs aucunement destiné). Ensuite parce que loin de me vouloir du bien, son altruisme s'orientait à l'opposé de mes convictions, vers une bande de requins puants. Enfin parce que j'ai cessé l'émotion pour mes importants contemporains décédés quand le nombre de morts a égalé celui des vivants. Lui ne déroge pas à mes statistiques.

J'ai en revanche une pensée pour les quatre humains disparus dans ce stupide accident d'avion. Notamment pour les 3 membres d'équipage dont personne ne retiendra jamais le nom, car leur existence n'a aucun intérêt au yeux de la médiasphère. Leur vie valant tellement moins que celle du quatrième protagoniste du drame ; leur existence étant si peu passionnante qu'on oublie d'en parler ; leur destin étant tellement lié à l'insignifiance qu'il a atteint son but : le néant...

Comme j'ai peu de compassion en stock, et afin de ne pas la brader, je choisis de rendre hommage à ces trois oubliés de l'info et de présenter mes pensées à leur famille. Le quatrième disparu ayant déjà été copieusement servi par une foule hystérique à la sincérité exhibée.

Oui, il eut été si simple d'annoncer la mort de quatre personnes, dont...

Mais quand la vie vaut moins, elle vaut moins.

Comme dit Gilou, philosophe-diéseliste : d'un vassal, on ne retient que le nom de son maître.

Bons vols, avec prudence.

Miguel Horville