Le 10 août dernier, le webzine Zinfos974, site d'actualité basé à Saint-Denis de La Réunion et centré sur l'océan Indien, a publié in extenso un communiqué de presse émanant de Kolair974, une association de défense des résidents du département de la Réunion, association très active qui milite pour une limitation drastique (voire l'arrêt) des vols d'hélicoptères, et par extension tout ce qui vole et trouble la quiétude de l'île - donc des ULM.
Passons sur la méconnaissance de la réglementation aéronautique qui a conduit à quelques erreurs, fausses affirmations ou approximations.
Le courrier en lui-même a choqué de nombreux pilotes et acteurs du monde aérien.
Pas moi.
Enfin pas sur le principe.
Je partage même complètement les revendications de cette association. En effet, qui apprécierait d'avoir un ballet permanent d'aéronefs, souvent assez bruyants (hélicoptères de tourisme) au dessus de sa maison ?
A ceux qui oseraient répondre ''moi'', parce qu'ils aiment les machins volants, je proposerai d'implanter une scierie ou une métallerie près de leur habitation...
La nuisance sonore n'est pas affaire de source ou d'affectif, mais de décibels.
Donc autant je partage les doléances des victimes de nuisances sonores, autant j'invite Kolair974 à se mêler desdites nuisances et à laisser l'aspect sécuritaire et réglementaire à ceux qui savent. Car sur les 6 points énoncés, aucun ne touche sa cible.
''...il est urgent que les services de l'Etat se saisissent du secteur des ULM :
- en les enregistrant avec un numéro d'immatriculation
- en leur interdisant les survols des zones habitées,
- en recensant précisément leur nombre sur le territoire,
- en leur imposant d'enregistrer leurs mouvements,
- en imposant des contrôles techniques,
- en recueillant leurs paramètres de vol.
A défaut, la liste des victimes va encore s'allonger, c'est une certitude...''
- le registre des immatriculations ULM existe. D'ailleurs nous y reviendrons,
- le survol des zones habitées est régi par l'OACI et les dispositions nationales. Sauf à remettre en cause la réglementation dans son ensemble, il suffit de faire respecter la Loi,
- recensement des appareils basés sur l'île : il suffit de demander à l'autorité qui possède le registre.
- enregistrer les mouvements revient à déposer un plan de vol. L'OACI ne prévoit pas cette disposition dans ces conditions (déplacement dans le département d'un pays sans franchissement de frontière, pas de survol maritime ou terrestre désigné par l'IA, pas de vol de nuit ou d'IFR...) ; il n'est pas concevable de créer une jurisprudence d'exception locale car on sait ce que deviennent les dispositions exceptionnelles dans les mains de fonctionnaires (et de politiciens) décomplexés,
- le contrôle technique n'est pas prévu dans la réglementation ULM. L'introduire, même localement, créerait un précédent qui tendrait à se généraliser, remettant en question le concept même de l'ULM,
- recueillir les paramètres de vol... n'importe-quoi !
En revanche, personne pas même Kolair974, n'a émis l'hypothèse qu'il serait judicieux de faire respecter la réglementation en vigueur.
Par exemple que les hauteurs minimales de survol soient respectées (surveillées et réprimées)...
Voilà qui serait déjà de nature à réduire considérablement les nuisances sonores.
De même, on pourrait systématiser les contrôles de masse au départ des vols touristiques. Un pilote saisonnier qui m'a décrit cette activité par le menu, me confiait qu'une partie non négligeable des décollages se fait en surcharge.
Et puis SURTOUT : arrêter de prendre les ULM pour des taxis ! Interdire purement et simplement les vols rémunérés d'OBL et laisser la prérogative des baptêmes-découverte (de l'activité, pas de la région) aux clubs-écoles avec tarifs de dédommagement et non d'enrichissement. C'est la seule vocation pérenne de l'ULM.
Mais ça, c'est au patron de la FFPLUM de porter ses couilles par le devant : en fâcher quelques uns pour sauver tout le monde. Une politique de crise, voire de guerre, pour une activité en sursis.
Car ne nous y trompons pas : aujourd'hui, le mal fait à notre activité vient en majeure partie des OBL. Notamment sur l'île de la Réunion. Tous les ans des morts évitables de la part d'une des sociétés de tourisme ULM les plus connues et actives. Qu'attend la fédé' pour frapper fermement le clap de fin ? Que Kolair974 soit suivie par Matignon ?
Parce qu'il faut savoir qu'à défaut d'avoir eu l'oreille du préfet local, Kolair974 a écrit au premier ministre et a reçu réponse. Quand la très sympathique Zaborne aura fini de terroriser son entourage, entre deux vapourlocks elle trouvera bien cinq minutes pour initier la procédure qui nous tuera. Suivie en cela par une DGAC en allégeance qui n'attend que le signal pour nous enfiler l'Annexe II dans le fondement de nos idéaux.
L'accident d'hélicoptère classe 6 (exploitant privé) qui a fait tant de bruit sur l'île n'est qu'un prétexte, une brique de plus, pour épaissir le mur vers lequel nous nous dirigeons à la vitesse d'un Risen Superveloce.
A chaque ULM qui tombe proche d'une zone résidentielle ; à chaque victime d'un accident en baptême d'OBL ; à chaque survol trop bas ou nuisance inconsidérée, notre liberté de voler approche de sa fin.
Il faut être aveugle, aveuglé, vendu ou considérablement con pour ne pas le comprendre. La FFPLUM doit se saisir d'une opportunité sans égale -ce courrier de Kolair974- pour réorienter notre discipline vers son destin, et non vers sa destinée.
Et pour prouver qu'elle est une grande fédération (ce qu'elle revendique avec véhémence), la FFPLUM devrait prendre en charge la gestion des immatriculations d'ULM. Montrer à l'autorité de tutelle qu'elle est capable de rigueur dans la gestion des aéronefs, de faire la police sans compromission, comme en Allemagne. J'ai même dans ma boîte à outils les détails d'une telle organisation, pour qu'elle soit sérieuse, sécurisée et qu'elle ne coûte rien à la fédé'.
Y'a qu'à demander !
Pourquoi je cite l'Allemagne ?
Parce qu'outre Rhin, à schpountzland city, l'office fédéral allemand de l'aviation civile (Luftfahrt-Bundesamt ou LBA) délègue l'attribution des fiches de certification et d'identification (flugzeug kennblatt) aux organismes DULV (Deutsche Ultraleichtflugverband ou association allemande des ultra légers) et DAeC (Deutsche Aero Club ou fédération de sports aériens). En fait, elle laisse ceux qui savent faire ce en quoi ils excellent. Pas franco-français, comme démarche, j'en conviens. Mais dans une ère où l'état délègue à la planète entière la gestion de nos plus intimes informations personnelles (médicales, bancaires, professionnelles, privées...), y'a plus trash que donner la gestion des ULM à la fédé des ULM. Non ?
Par ailleurs, DULV et DAeC gèrent également les brevets et licences, comme la fédération française le fait partiellement. Mais eux, c'est de A à Z.
Cela étant, l'Allemagne n'est pour autant pas le paradis pour les ulmistes. Comme tous pilotes certifiés, le pilote d'ULM doit prouver par son carnet de vol obligatoire qu'il a bien ''fait'' ses 12 heures minimales tous les 24 mois et doit réaliser un vol de contrôle chaque année. En cas de manquement à l'une de ces obligations, le gars perd sa licence et doit repasser l'examen pratique de son brevet de pilote. Et bien sûr, visites médicales régulières obligatoires... Quant aux ULM, ils sont soumis à un contrôle technique annuel qui ne rigole qu'à moitié avec les LSA foireuses, les parachutes (obligatoires) obsolètes et autres hélices non inscrites au descriptif de la fiche. Bref, l'esprit teuton ; ein, zwei, ein, zwei... Tout l'opposé de l'Annexe II, celle que nous devons chérir et éclairer d'un cierge.
Et pourquoi ce serait mieux de laisser la gestion des ULM à la fédé des ULM ?
Parce qu'on aurait un seul interlocuteur au plan national (étendu), responsabilisé pour cette tâche. Mine de rien, ça changerait bien la donne. Notamment pour les victimes de certaines dérives kafkaïennes de fonctionnaires mal informés qui pourrissent la vie des usagers avec des demandes aberrantes... J'en collectionne des pleins sacs.
Ceci parce que relocaliser un bon spécialiste de l'ULM au sein de la DGAC est trop intelligent pour une administration qui aime délocaliser des gens à moitié mal formés afin qu'ils jouent au petits despotes dans leur fief ; donner un galon à un esclave, il devient un tyran. Ça a toujours été ainsi, ce sera toujours comme ça.
En quoi une gestion fédérale de notre activité serait souhaitable ?
Tout simplement parce que, assortie d'un réel pouvoir disciplinaire, elle serait beaucoup plus réactive, voire pro-active, pour gérer les situations conflictuelles comme les nuisances aux tiers, administrer l'application et le respect de la réglementation, centraliser la communication des constructeurs (documents techniques, bulletins d'information ou de service...), assurer le suivi administratif et légal des ULM...
ET CELA EN FRANCE (étendue) ! Pas question de se laisser imposer des diktats européens ou tout autres, et pas question de se mêler des affaires des autres.
Bien sûr, pour ça... faut voir un peu plus grand que l'offrande de colifichets aux gonzesses.
L'accident de La Réunion sera-t-il l'accident de trop ? Les termes du courrier de Kolair974 sont bien choisis pour créer l'effet domino qui nous pend au nez. Prions pour que mamie-vapote ait une grosse envie d'emmerder d'autres que nous... Sinon, ça va chier !
Comme dit Gilou, philosophe-diéséliste et psycho-chaudronnier :
les oiseaux, les pilotes et les sages prennent de la hauteur ; les autres restent en bas avec les fusils....
Bons vols, en attendant un miracle.
Miguel Horville
Article de Zinfos974 en ligne
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Réponse du cabinet du premier ministre au rapport de UFCNA - Kolair974