Après quelques minutes de vol me permettant une complète familiarisation avec la machine, je calme les ardeurs du moteur avec un régime à 6500 tr/mn. La vitesse se stabilise autour de 80 km/h. Vers 6000 tours, le moteur semble assagi et je vole à 70 km/h. A un peu plus de 7000 tr/mn, la vitesse est d'environ 87 km/h. Le moteur autorisant 8000 tr/mn, j'envoie la sauce et atteins un petit 110 km/h. Mais le boucan me fait lâcher prise. Pas utile de perdre une esgourde pour titiller un aéronef qui n'est pas destiné aux hautes performances. Ce qui devait être prouvé l'est : le Minifox peut atteindre ou dépasser 100 km/h, mais n'atteint pas la Vne fixée à 130 km/h en palier. Peut-être le moteur Polini 303 apporterait un mieux, avec ses 2 ch supplémentaires et surtout un couple plus élevé qui apporte 15 kg de poussée supplémentaire à hélice égale. Durant mes évolutions, je juge le Minifox est globalement stable autour de ses axes. Ses gouvernes généreusement proportionnées octroient une forte autorité de contrôle, étant à la fois puissantes, douces et précises. La défense en roulis est très correcte également, avec à peine plus de 2 secondes pour passer de -45° à +45°. Si de plus on accompagne au lacet, le Minifox peut carrément se montrer démonstratif. Durant ce bref essai, je savoure la visibilité extérieure et à la qualité optique de la verrière. Le fait de n'avoir rien devant reste un avantage au crédit des propulsifs.
Le moment est venu de réduire la poussée pour aborder les basses vitesses. J'ai lu, ça et là, des pilotes racontant des 45 km/h et moins... Ben voyons ! Moteur à 4000 tours pour conserver un souffle suffisant sur l'empennage, je laisse chuter le badin. En fait, on peut tenir 45 km/h, à condition de voir le vario s'affoler en négatif et le nez piquer vers le sol. Mais pour tenir une assiette de vol ordinaire, pas moyen de descendre en dessous de 60 km/h. A titre de comparaison, mon Super Guépard tient les 55 km/h avec 3500 tours et un vario à -100 ft/mn là où le Minifox chute entre -200 et -250 ft/mn. En revanche, le décrochage est doux, sans brusquerie ; seulement l'avant qui s'enfonce, suivi du cul. Un genre de parachutage en deux temps, comme le moteur.
D'où la surprise à l'atterrissage. Arrivé la veille avec mon fidèle zinzin lourdement lesté de 60 litres de jus et d'un matos de prospecteur, j'ai visé le milieu de piste montante avec un petit 70 km/h affiché (température proche de zéro à 2800 ft), et roulé à peine 50 mètres pour m'arrêter. Sur le principe, j'attendais ''au moins'' beaucoup mieux avec un engin de 120 kg (théoriques, puisque les options nombreuses doivent peser un âne mort). Ben pas du tout. Réglant une finale à +70 km/h, puis une courte à environ 65, j'ai dû remettre du charbon pour toucher au point d'aboutissement idéal. Alors bien sûr, une fois les gros pneus en contact, pas besoin de toucher les freins : l'ULM s'arrête de lui-même, comme ventousé au sol.
D'où l'explication du décollage laborieux : les gros pneus sont géniaux, très confortables, hyper jolis, mais... nuisent terriblement au décollage, donc au désenclavement.